The Who by Numbers, Steve Grantley & Alan G. Parker, chronique Paris Move, janvier 2019

THE WHO BY NUMBERS (Steve Grantley & Alan G. Parker)

Rytrut

SÉLECTION DE LA RÉDACTION DE PARIS MOVE

De 1972 à 1975, les WHO furent mon groupe préféré, et de loin. La faute à “Who’s Next”. Et à mon père aussi, qui me laissa choisir un LP au supermarché du coin pour me récompenser d’un bulletin scolaire réussi. Mal lui en prit: à 13 ans, on se laisse facilement piéger par l’artwork d’une pochette, et celle-ci (avec ses traces d’urine fraîche sur béton armé) ne pouvait manquer d’achever la séduction de l’innocent. Le cellophane défloré, l’irruption de “Baba O’ Riley” dans ma chambre de pré-ado ne tarda pas à faire son office. Combien de fois mes parents ont-ils eu à souffrir le hurlement de Daltrey sur le final de “Won’t Get Fooled Again”? Je leur ai tout fait, depuis le boycott immédiat du coiffeur jusqu’à ma vocation spontanée de batteur… C’est dire si j’ai pu m’en fader depuis, de la littérature sur la bande à Keith Moon. En la matière, sur près d’un demi-siècle, on est même largement passé de l’embarras du choix au choix de l’embarras… Pourtant, ce pavé-ci occupe une place à part dans leur bibliographie. Ses deux auteurs sont non seulement des fans et des érudits, mais Steve Grantley est lui-même batteur (notamment chez Stiff Little Fingers). Nos compères se sont attachés à relater le parcours du groupe au fil de sa discographie intégrale. Et ce, non pas seulement album par album (comme tant d’autres avant eux), mais CHANSON par CHANSON…! Et ce qui aurait pu au final ne s’avérer qu’un laborieux exercice de bénédictins se révèle l’une des plus pertinentes (et passionnantes) radiographies de l’esprit complexe et torturé de Pete Townshend, ainsi qu’un saisissant portrait de ses comparses. Truffée de citations de chacun d’entre eux, et abondamment documentée aux meilleures sources, cette somme de près de 300 pages nous replonge au cœur de la création (et des multiples évolutions) de l’un des ultimes monuments du rock. N’en taisant ni les écueils ni les faiblesses, cet inventaire exhaustif n’en réhabilite pas moins certains pans décriés de leur carrière. L’analyse poussée de l’album qui donne son titre à cet ouvrage en est un exemple brillant.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder