« Rytrut éditions a traduit des œuvres passionnantes, et élabore une succession de livres dans le domaine musical qui doit tout autant à une curiosité culturelle qu’à s’affranchir des codes. Le gars est loquace, passionné, pointilleux, et c’est à l’image de l’énOrme travail que cette maison d’éditions façonne. » – Bir, Wallabirzine, mardi 12 février 2019
Photomatons du fanzine grenoblois Noire Inquiétude, 1985
Bonjour Thierry aka Ladzi Galaï,
Peux-tu te présenter, qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Il y a quoi dans ton imaginaire ?
Le fondateur et factotum de Rytrut. Partout et nulle-part à la fois. C’est pas d’où qu’on vient mais ce qu’on fait qui importe. Je ne suis pas plus nationaliste que régionaliste. Et j’aime pas raconter ma vie, sauf si on me force ! J’ai arrêté de rêver d’illusoire et essaye de m’activer avec ce qui est à ma portée. J’ai aussi sacrifié la musique en laissant de côté des projets inachevés, pour le bon plaisir ou la douleur de nos lecteurs, car l’humain est ambivalent.
Tu as joué dans des groupes (si, si) ? C’était quoi le style ? Le délire ?
J’ai commencé la musique à sept ans avec le piano classique puis la trompette, et un peu plus tard, après l’explosion punk, la basse tout seul en écoutant des disques, puis la guitare même veine basique sans cours ni conservatoire. Ensuite y a eu plusieurs groupes, dans les styles rock, psychobilly, post-punk, tendance expérimental, un peu d’indus à un moment, punk-rock avec quelques touches reggae, puis électro-punk. Et pour finir grève illimitée de la musique ! Par contre je me consacre énormément à en écouter, dénicher ou découvrir, de toutes époques et de styles variés.
Pour toi c’est quoi le punk ? Qu’est-ce qu’il représente ? La culture punk est-elle morte ?
Alors que j’avais été initié au rock à douze ans par mes oncles et cousins, j’ai entendu parlé du punk l’année suivante, en 1977, et demandé à l’un d’entre eux ce que c’était. Il m’a fait écouter les deux premiers singles des Sex Pistols qu’il avait acheté chez Arthaud. Et c’était parti ! C’était ce qu’il me fallait pour affirmer ma différence par rapport aux conventions que cette société semblait vouloir nous inculquer. Chacun y va de sa propre définition du punk suivant le contexte et la manière dont il l’a vécu ou interprété. Pour moi, cela représente une certaine éthique, avoir de l’équité, de l’ouverture d’esprit, des musiques nées de multiples influences des générations précédentes, inspirées par le rock décadent, garage punk, prog rock, art rock, voir autres styles inclassables. Expressions diverses mais pimentées, contestataires, festives ou intellectuelles. C’est plus tard qu’on découvre le pré-punk quand on a aimé le punk rock, puis le post-punk, la new wave, et les musiques personnifiées qui en découlent. C’est un style d’expression qui n’a jamais cessé d’être vivant. C’est devenu une culture ancrée pour certains mais qui fut finalement peu accessible ou comprise par beaucoup. Essayer uniquement de reproduire à l’identique ou se cantonner à des critères préconçus peut n’avoir de punk que des apparences. Les clichés de clichés sont sans doute les moins évident à dépasser, mais ils peuvent aussi servir de références et d’identification. Créativité et authenticité restent à mes yeux des critères importants. Certains disent qu’il n’y a pas vraiment eu de genre musical novateur depuis les années 1970… que tout ce qui a suivi avait déjà été inventé. Il y a du vrai, basiquement, mais les formes évoluent au fils du temps, ayant une accroche nouvelle, apportant un autre intérêt. Je m’attacherais à la multitude de groupes intéressants disséminés dans l’histoire de la musique, plus ou moins inconnus, que l’on peut découvrir actuellement, et dont les perles insoupçonnées sont un ravissement de curiosité et d’émotion.
Tu as participé à des fanzines graphiques, peux-tu en parler ?
Après avoir participé à un zine de potes qui a vu plusieurs numéros entre 1983 et 1985, un fourre-tout ronéotypé puis photocopié, j’ai monté un tape label avec ma copine de l’époque, et à l’occasion de compilations K7 à thème, concocté deux graphzines noir et blanc en invitant des contacts qu’on a eu dans le réseau du mail-art. Intitulé Disco Totem et Le Foliegraph illustré, Rythme & Rut les a sortis en 1988. Et les autres K7 albums étaient parfois accompagnées de livrets… ça date. Plus tard, à l’occasion d’un recueil d’aphorismes personnels paru chez un éditeur abusif – il faut un début à tout – j’ai invité une poignée de graphistes de ma connaissances à les illustrer. Le bouquin des paroles de Jello Biafra que sortira Rytrut suivra finalement un procédé de zine graphique.
Comment es tu arrivé à la création des éditions Rytrut ? Pourquoi ce nom ?
Rytrut est-ce une association ? Combien vous êtes ?
Ça provient du label qui avait sorti une série de K7 de musique alternative, appelé R.R.Products, d’abord pour Réseau Rapetou puis Rythm & Rut. Il y a eu une trentaine de K7 dont des compiles de groupes actifs dans le réseau du mail-art. Le nom de l’édition en découle. Une association de loi 1901 depuis 2003 pour la sortie du premier bouquin (La Philosophie du Punk de Craig O’Hara), à la suite de Rythm & Rut qui avait été déclarée en 1988 au départ plus pour le suivi de mes activités musicales. Nous sommes très peu, c’est une microstructure qui ne peut ni ne souhaite faire concurrence à d’autres mafias mieux organisées ou plus en vogue. C’est pour cette raison que je me considère comme un factotum. L’asso a une présidente et un secrétaire qui agit au niveau informatique sur le site et la boutique. Et le factotum contacte les éditeurs anglophones, les auteurs, traduit, met en page, promeut un peu, empaquette et expédie. Donc trois membres à la base, mais l’asso a aussi recours à d’autres talents pour la traduction, les relectures, le graphisme, l’infographie et diverses rémoulades.
En moyenne à combien éditez-vous chaque livre ? Et vous en vendez combien ? Est-ce suffisant pour les coûts d’impression ?
En fait, ça coûte plus cher d’éditer des traductions que si on nous fournissait le texte en français prêt à l’emploi. Nous signons souvent des contrats avec des éditeurs étrangers, leur payons des avances de royalties, des années avant la sortie d’un livre, car ce boulot demande beaucoup de temps, et donc sans même savoir si on va retomber sur nos pattes. Il y a une prise de risque certaine. Le fait que la 1re édition de La Philosophie du Punk se soit vendue à deux mille exemplaires en un an m’a encouragé à continuer. La seconde édition a passé les trois mille, mais c’est notre best seller ! Pour les autres, à part Going Underground qui a été tiré à deux mille, aucun ne dépasse les mille, la tendance de ces dernières années est passé à cinq cents, et maintenant on fait des tirage à deux cents qui peuvent être réimprimés si besoin. S’il n’y avait que les coûts d’impression, il y a aussi ces avances de royalties avec parfois des droits supplémentaires pour les photos. Une fois tous les frais déduits, remises librairies comprises, il ne reste plus grand chose. Il faut donc avouer que cette activité est plus utile pour la postérité que pour se faire du blé, malgré ce que certains doivent penser. Une part des dépenses de l’asso est couverte par la vente des livres, mais j’ai dû prendre un petit boulot à côté, en garderie scolaire, depuis quelques années. Travailler avec des mômes n’est pas ce qu’il y a de pire. Ça vous donne la pêche et vous ramène à la réalité.
Je suppose que tu es polyvalent, autodidacte, souple, déterminé, réactif, professionnel, disponible à 300% afin de pallier à tous les corps de métier nécessaire à la pérennité de Rytrut. Qu’est ce que tu fais concrètement ? En quoi cela consiste-il ? Tant dans le domaine de l’édition que de la traduction ?
Bien occupé en effet. Quand tu as des projets ou des ambitions en parallèle, tu te demandes si tu arriveras les réaliser. Sans fausse modestie, je peux me targuer de tous ces attributs, avec tout de même un petit bémol sur la disponibilité ! Quand je suis sur une traduction, je vérifie si possible tout ce qui est avancé, et, vu que ce sont des livres spécialisés sur la musique, j’écoute tous les titres des groupes dont il est question afin de coller au plus près des descriptions. Procédant également ainsi pour les relectures de traduction, vérifiant les noms et les références diverses, à la littérature, l’histoire, etc., ajoutant des notes, écrivant mêmes des passages complémentaires si besoin. Par conséquent, nos livres sont souvent des versions améliorées des éditons originales. Au départ, j’étais le traducteur principal, puis d’autres s’étant joint à l’aventure, je suis donc passé relecteur ou co-traducteur. Ce n’est pas moi qui m’en suis chargé sur les deux premiers livres, mais j’ai dû apprendre la mise en pages professionnelle. Pour des raisons pécuniaires dans un premier temps, puis j’ai trouvé ça plaisant ; ce n’est pas aussi simple que cela ne paraît. Un de mes autres pseudo, Cripure, est conservé pour les signer, ça vient d’un surnom et du nom de mon projet musical mail-artistique du milieu des années 1980, encore utilisé. Ensuite, le bouquet final est le deal pour l’impression, qui s’avère parfois périlleux quand au résultat qualitatif. Quand on est obligé de faire du tri sur un tirage, ça fait grincer des dents ! Voir un boulot de plusieurs années sapé en un tour de main peut être assez décourageant. Imprimer des livres a un coût conséquent quand on est un petit éditeur qui n’imprime pas en Chine à des milliers d’exemplaires pour un coût moindre. C’est la seule chose que nous ne faisons pas nous-même et il s’agit du produit fini que le lecteur aura entre les mains, c’est très important. Je m’occupe aussi, secondé par le webmaster, de l’actualisation du site et de la boutique Rytrut, puis de l’envoi des commandes. Il y a du plaisir mais aussi du turbin.
Comment tu choisis les auteurs avec qui tu travailles ? Comment les as-tu rencontrés ? C’était quoi le deal ?
En 2001, quand j’ai commencé à traduire La Philosophie du Punk, j’ai contacté Craig O’Hara par e-mail, en passant par l’intermédiaire d’un ancien pote, qui participera à la relecture et à la mise en page. On a aussi ajouté à celles de l’auteur des photos qu’il avait prises quand il avait été jardinier au pair à San Francisco. Guillaume Dumoulin avait un petit label et distro appelé Spock Prod à Grenoble dans les années 1990. Je n’avais pas encore Internet, que j’ai pris en 2003, un peu avant la sortie du livre. Craig était partant, on a donc fait un deal oral avec AK Press, éditeur avec qui il bossait. Quant à l’illustration de couverture, je l’ai proposé à Sapiens, rencontré au Squat de Le 13 à Paris, alors que j’y avais joué en solo en avril 2002. Ça tombait bien, il y avait une expo de peintures de Karen et Sapiens, j’ai adoré, et ça collait parfaitement.
Pour le second, Chansons d’Amour de Crass, j’ai écris à Penny Rimbaud, qui a gentiment répondu à mes cent questions concernant le texte, et m’a mis en contact avec Pomona, l’éditeur qui venait de publier Love Songs, le recueil des paroles de Crass en anglais. C’est tombé au même moment. Nous n’avons donc pas choisi le titre. Il n’y a pas eu de contrat écrit, pas d’avance, mais un pourcentage un peu trop conséquent nous était demandé de la part de cet éditeur, car on s’était basé sur leur mise en pages ; disons que ça faisait un intermédiaire de plus à rincer, alors ça faisait lourd sur la balance. Deux albums du collectif ayant déjà été traduits par Annie-Claude Lemeur – ses traductions étaient insérées dans les vinyles originaux – je l’ai contactée pour avoir l’autorisation de publier ses traductions, sur lesquelles j’ai pu effectuer un petit rafraîchissement, après avoir carburé sur les autres albums. Vu qu’on nous demande encore ce livre, il sera peut-être plus tard envisagé une seconde édition, mais à condition que toutes les personnes qui l’ont lu achètent et lisent L’histoire de Crass de George Berger ! Sinon, ça sert à quoi de se décarcasser !
Le troisième était un recueil des paroles intégrales de Cor Gout, chanteur du groupe underground néerlandais Trespassers W, un ami de longue date, depuis sa participation à deux compilation de R.R.Products en 1987. On s’est rencontré plusieurs fois, avons aussi enregistré quelques titres ensemble et j’ai composé la musique d’une chanson de TW. Nous avons eu une correspondance postale régulière pendant des années. C’est un auteur doué en langues, il a aussi participé à la traduction, pour ses textes en néerlandais bien entendu mais aussi sur ceux en anglais (ma mère, une institutrice retraitée qui compte aussi parmi nos relectrices, parle le néerlandais mais pas moi). Par ailleurs, Cor Gout est un philosophe et programmateur d’émissions radiophonique et de télévision aux Pays-Bas, et même (il ne voulait pas que je le dise quand on a sorti le livre) footballeur professionnel pendant un an dans un club d’Amsterdam avant que celui-ci ne fusionne avec deux autres clubs de la ville. Ce livre fut illustré par Ronnie Krepel, un musicien polyvalent de TW qui dessina une multitude de crobars, complétant cet ouvrage avec un charme particulier.
Le quatrième, Going Underground de George Hurchalla, sur la scène punk américaine en particulier mais pas uniquement, m’a été conseillé par Craig O’Hara, car ce livre portait un regard nouveau sur le punk et le rock alternatif sans nombrilisme ni complaisance à la violence qui a pu se développer à une période dans la scène hardcore. En plus, l’auteur a interviewé un grand nombres de musiciens des groupes évoqués, ce qui procure une bonne tranche d’histoire réaliste et bien épicée. De plus, il est vaillamment illustré par de nombreuses photos rares. Going Underground est en deuxième position en terme de ventes. J’ai aussi bien communiqué avec Hurchalla au cours du processus, c’est un mec sympa et sportif. C’est par ailleurs un artisan du bois et un fan de punk bien évidemment, qui a eu plus jeune l’expérience de chanter dans un groupe.
Ensuite seront lancés le projet de traduction des paroles de Jello Birafa et de la bio de Joey Keithley. Mais avant leur finalité, sortira notre cinquième livre, la biographie sur la chanteuse Pink, du journaliste musical et auteur Paul Lester, que j’ai décidé de signer suite à la proposition d’Omnibus Press. Nous allions toucher un autre public et nous attirer les foudres de la clique sectaire et conservatrice du « punk », mais tans pis. C’est une copine punk française d’origine autrichienne, aussi fan de Bowie, qui m’avait fait découvrir cette chanteuse. Moins enthousiasmé au début par son premier album R&B, bien qu’ayant un certain charme, peut-être un peu trop sophistiqué, j’ai plus apprécié les albums suivants. C’est de la pop/rock grand public de qualité, puis ses convictions et engagements méritent autrement de respect que la glandouille de tout un tas de branleurs. Si en France elle n’a pas marché tant que ça – peut-être dû au rictus bien connu des médias élitistes traditionnels – c’est que la barrière de la langue ne touche pas autant les gens, rien à voir avec la popularité que Pink a acquis en Australie. Pour son côté punk, elle a quand même fait un album avec Tim Armstrong de Rancid, qui reste mon préféré, avec celui composé avec Linda Perry, que je connaissais puisse que je l’avais vue jouer dans un pub de Londres en 1996. C’était après les 4-Non Blondes, Linda avait un groupe de mecs sur scène. Ce fut un concert époustouflant, un blues-rock puissant. À la fin du set, je lui ai dit en personne avoir été ému par sa prestation et, avec son débardeur et ses tatouages, elle m’a remercié avec un sourire à tomber par terre.
La bio de Joey Keithley m’a été suggéré par Raf DIY, un guitariste punk et activiste de Limoges, du groupe Attentat Sonore et plus tard du label Guerilla Vinyl. J’avais vu DOA en 1985 la première fois à Grenoble, concert qui avait fini en bagarre (après, j’étais déjà parti) en raison de pseudo-skins, réputés pour venir foutre la merde à des concerts punk à cette période. Keith en dit deux lignes dans son livre. Je l’avais déjà lu en anglais. J’ai contacté Keith et nous l’avons signé avec son éditeur canadien, Arsenal Pulp. Je lui ai ensuite posé quelques questions concernant des passage du texte. Au départ nous devions le traduire à deux, mais Raf manquant de disponibilité, je me suis pratiquement tout tapé, mais il a pu quand même participer à la traduction du prélude et de deux chapitres, et effectuer une relecture. Au cours du boulot, j’ai revu DOA au Mistral Palace à Valence en 2009, et donc rencontré Keithley pour la première fois. Après la sortie de son livre, je lui en ai apporté un certain nombre d’exemplaires à Montpellier – en guise de participation au paiement des droits d’auteur. DOA a joué au Secret Place en 2012, l’occasion de me rendre dans ce lieu mythique. Joey a aussi eu droit à un exemplaire du bouquin de Jello Biafra fraîchement sorti. J’ai ensuite revu DOA à l’Usine de Genève. Ils sont arrivés tard en raison d’un bouchon dans le tunnel du Mont-Blanc, venant d’Italie. Du coup, j’ai donné un coup de main pour décharger le van. Joey Keithley est un punk de la première heure, il apparaît d’ailleurs en couverture du magazine de Vancouver, le Georgia Straight spécial punk rock, sortie en octobre 1977. Celle-ci est incluse dans sa bio, le sixième livre de Rytrut, dans lequel Joe raconte l’épopée de ces pionniers du punk, au sens premier du terme : DOA est le premier groupe à avoir porté le punk rock dans des contrées d’Amérique du Nord toutes aussi paumées les unes que les autres.
Un regard sur la pochette intérieur de mon vinyle de In God We Trust Inc. des Dead Kennedys, m’a incité à lancer ce projet de livre des paroles de Biafra. J’y avais posé une traduction puérile en français, en 1981. Je me suis donc lancé, début 2005, dans la traduction des paroles du premier album, puis j’ai contacté Jello à Alternative Tentacles pour l’autorisation. Il ne m’a pas directement répondu, mais son publiciste a donné leur accord. Ce fut là encore un contrat oral et j’ai poursuivis sur les autres albums. Puis j’ai eu la proposition du dessinateur français Melvin de faire des illustrations. Il a réalisé douze dessins, un par album. Voulant avoir son accord de vive voix, j’ai pris un billet de concert et d’avion pour assister à une lecture publique de Jello à Bristol en 2007. Après laquelle j’ai pu lui parler dix minutes dans la loge et lui montrer les dessins de Melvin, qui lui ont plu. Suite à quoi il a été décidé d’inviter plein d’autres graphistes pour illustrer toutes ses paroles de chansons. Entre-temps est sorti à Paris un livret contenant seize chansons illustrées des DK, en anglais et en français. Sorti sans concertation avec l’intéressé, celui-ci court-circuitait peut-être un peu notre projet, mais deux traducteurs de ce livret, qui ont tenus a rester anonymes, m’ont proposé de participer à la relecture de notre traduction. Avant la sortie du livre, j’ai vu les Guantanamo School Of Medicine en concert à La Tannerie de Bourg-en-Bresse en 2009, et plus tard lors d’un gros festival à Genève ; je crois que le groupe avait été ajouté à l’affiche car il était programmé dans une petite salle de la région. Puis aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu en 2017, ce fut leur meilleur concert, le son était monstrueux. Il y a donc eu beaucoup d’échanges, dont avec les graphistes, pour arriver à ce pavé gargantuesque.
Ensuite sortira la biographie officielle des Ramones, concoctée par leur tour-manager, chauffeur et homme à tout faire, le légendaire Monte A. Melnick et son acolyte Frank Meyer, journaliste, auteur et chanteur des Streetwalkin’ Cheetahs. On peut dire que Monte avait joué en tant que bassiste avant de s’occuper des Ramones : fin des années soixante, dans Triad avec Tommy (future) Ramone et dans Thirty Days Out. J’avais lu l’édition américaine puis Omnibus nous l’a proposé, je n’ai pas hésité un instant. J’ai eu un échange avec eux et posé quelques questions à Monte, qui n’aura de cesse de dire que c’est la meilleure bio des Ramones jamais sortie. Son intérêt, hormis l’aspect beaux-livre bien illustré en quadri, est qu’elle provient du cœur de la machine et se lit comme s’écoute une chanson du groupe, pleine d’anecdotes présentées somme une suite de petits entretiens au franc parlé avec de nombreux musiciens les ayant connus et des techniciens ayant accompagné le groupe.
Suivra la biographie des Slits, le premier travail de Zoë Howe (ex « Street » Howe), qui reflète par certains côtés une vision féminine du punk. Un groupe qui a élargi le champ d’expérience du style, et motivé pas mal de combo à se monter dans la période post-punk, inspirant un certain nombre de riot grrrls. Mais leur musique se caractérisa ensuite plus dans le reggae et l’improvisation. Ce livre nous a aussi été proposé par Omnibus. Durant le processus, j’ai été un peu en contact avec l’auteure, mais surtout avec Tessa Pollitt, la bassiste des Slits qui est extrêmement sympa. Malgré sa renommé internationale, ce groupe ne s’est jamais fait de pognon et ses musiciennes ont vécu dans la précarité. Nos ouvrages sont souvent des améliorations des éditions originales (je le redis). Pour celui-ci, nous avons disséminées les photos en pleine page (plutôt que regroupées en feuillets) et avons acheté des droits à un agence pour des photos supplémentaires. Tessa nous a aussi envoyé quelques photos de sa collection personnelle, ainsi que des badges à offrir aux personnes qui commandent le livre sur notre boutique. La dernière formation des Slits était bien partie en 2009, avec la sortie du superbe album Trapped Animal, incluant Hollie Cook au claviers et chœurs, la fille de l’Illustre Paul Cook, notamment batteur des Sex Pistols et des Professionnals. Mais le cancer ayant frappé, sans Ari Up, plus de Slits ! Elle décédera l’année suivante, pas longtemps après l’édition originale de leur bio. Pour la première édition du livre, Tessa m’ayant envoyé un article paru dans le numéro de Sounds de 1978, j’ai contacté le photographe Chalkie Davies et il a retrouvé cette photo inédite dans les archives du magazine. Pour la seconde édition révisée, je me suis adressé à Pennie Smith – la photographe qui a pris le fameux cliché de la pochette du London Calling des Clash – et nous avons négocié la photo de couverture (aussi utilisée sur l’édition anglaise), ainsi que ses autres clichés apparaissant à l’intérieur. Ce livre nous a coûté bien cher au final et les ventes ne sont pas suffisantes pour couvrir les dépenses.
Pour l’édition de la biographie de Nirvana de Gillian G. Gaar, c’est notre acolyte de Rytrut, Cyrille Lannez, fan de longue date du groupe, qui souhaitait sortir un travail sur eux. Nous avons d’abord eu la proposition d’un livre retraçant un travail en studio du groupe, mais on le trouvait trop technique, cherchant quelque chose de plus viscéral. Puis Cyrille a contacté Gillian pour traduire Entertain Us, l’Ascension de Nirvana qui s’est avéré être une tranche intéressante et en partie inédite du parcours du groupe, décrivant ses tous débuts au sein de la scène grunge. Nous avons payés des droits à son éditeur anglais, qui ne lui ont apparemment pas été rétribués. Mais c’est une autre histoire et nous n’en sommes pas responsables.
Concernant Burning Britain, le premier livre de Ian Glasper édité en français, je l’avais en anglais depuis un moment, mais je trouvais le texte un eu serré et ne l’ai finalement lu qu’en travaillant dessus. Ian m’a mis en contact avec Cherry Red Books et nous l’avons signé. Il s’est avéré qu’en parallèle une seconde édition anglaise était en préparation chez PM Press, la nouvelle maison d’édition de Craig O’Hara, aux États-Unis. Glasper était en tain de rédiger des ajouts, que nous avons donc aussi eu à traduire, ce qui explique en partie la sortie plus tardive de l’édition française. L’autre raison étant que – toujours soucieux d’amélioration – nous y avons ajouté beaucoup de photos (grâce au fichier bien fourni de Cherry Red) attachant un soin particulier à la mise en pages, afin d’obtenir une agréable lisibilité. J’ai proposé à plusieurs traducteurs de se partager la tâche : Frédéric Jalabert, un de nos relecteurs, notamment animateur de l’émission Lost in Space sur Radio Active à Toulon, promoteur de F.J Ossang et du label de feu Éric Chabert, Underground Productions. C’est un ami de longue date, rencontré en 1989, alors qu’il était étudiant à Grenoble. Il venait aux répètes et concerts de mon groupe de l’époque, No No No ; Nico Poisson, guitariste/chanteur et cofondateur du label SK Records, que l’ai rencontré la première fois alors qu’il donnait un concert avec Ned au Crocoléüs, la saison ou j’ai participé à l’activité du squat, en 2004/2005. Quant à David Mourey, le batteur de Chicken’s Call, je l’ai côtoyé dans la scène punk grenobloise de ces deux dernières décennies, notamment au 102 et au Lokal Autogéré. Pour peaufiner le texte, j’ai moi-même travaillé sur une relecture de traduction assidue afin d’assurer la cohérence de l’ensemble, fais des mises à jour et parfois ajouté des passages complémentaires, et un index : l’auteur ne m’en voudra pas, bien au contraire ! Rytrut est fier d’avoir édité ce monument sur la scène punk britannique ! Parler de « seconde vague » est un peu généraliste car certains groupes proviennent directement de l’explosion punk.
Pour terminer, L’histoire de Crass nous a été suggéré par Christophe Mora, guitariste/chanteur d’une série de groupes hardcore punk et du label toulousain Stonehenge Records. J’ai ensuite contacté l’auteur anglais George Berger et signé son livre avec Omnibus. II utilise ce pseudo pour son métier d’auteur et de journaliste. Il est aussi chanteur du groupe anarcho-punk underground Flowers In The Dustbins. Son travail sur la bio de Crass est impressionnant. Ce n’est pas seulement un descriptif de l’évolution du groupe, car le récit remonte aux sources, dans les années soixante, et George s’est entretenu avec tous les membres du collectif (sauf un). II s’agit du livre le plus pointu que nous ayons eu à traduire. Christophe s’y est collé avec discernement et j’ai fait ma part de relecteur et co-traducteur. Il se vend étonnamment moins que ne s’est vendu celui des paroles de Crass, alors qu’en plus d’être complémentaire, c’est un livre essentiel qui intervient dans le sujet anarcho-punk et retrace le contexte social, culturel et politique de l’époque, témoignant de son impact sur les générations alternatives passés et futures.
As tu des sollicitations par des auteurs ? Des groupes ?
Nous avons eu quelques propositions de sujets liés à la musique ou sociétal, mais au vu de nos possibilités limitées, l’asso ne peut se développer davantage en signant des livres dont elle ne pourra pas assurer le suivi ni le financement, et se contente de poursuivre les quelques ouvrages en cours. Il est vrai que notre ligne éditoriale se limite aux groupes anglophones. Nous ne fonctionnons pas comme une grande maison d’édition qui reçoit des tonnes de manuscrits, mais comme une petite microstructure qui travaille sur un livre comme on pourrait le faire sur un disque enregistré à la maison. Les livres de Rytrut ne représentent qu’une infime partie des groupes et des musiques qui nous tiendraient à cœur de raconter. Mais on ne peut pas tout faire dans une vie, il faut faire des choix, le temps nous est compté ! On n’est pas des dinosaures, ça fait longtemps qu’il sont ensevelis. Continuons de déterrer leurs squelettes ! Nos livres demandent beaucoup de travail, il ne s’agit pas de poser des traductions aléatoires vite fait sans vérifier les tenants et les aboutissants. Si certains s’imaginent que c’est simple et qu’on fait ça pour se faire du blé, il se fourvoient. On le fait avant tout car ça découle d’une passion et c’est comme un cadeau fait aux lecteurs, même s’ils doivent acheter les livres, sans quoi nous ne pourrions pas les éditer bien évidemment. Nous ne sommes pas subventionnés par des vendeurs d’armes. Il s’agit de promouvoir une certaine culture avec un état d’esprit particulier.
Peux tu faire une présentation de chaque livre ? Et notamment des deux derniers livres ?
En plus des infos que j’ai données concernant les auteurs et traducteurs, les résumés des lires se trouvent facilement sur le site web de Rytrut. Quand aux deux derniers, la bio de Nirvana est la seconde édition de l’ouvrage de Gillan Gaar, Entetain Us, L’Acension de Nirvana, sur laquelle nous avons studieusement retravaillé le texte, supprimé quelques coquilles (il arrive que l’on s’empresse pour des raisons de timing, mais nous tachons d’éviter cela), assuré une meilleure impression et changé de couverture afin de spécifier qu’il s’agit d’une édition bien différente de la première. La photo en couverture a été prise par Kevin Estrada lors du même concert que celle apparaissant sur l’édition anglaise. Il a touché ses droits comme Martyn Goodacre pour celle de la quatrième de couverture. Malgré mon intérêt depuis les premières années du punk pour une multitude de groupes et de styles, j’ai toujours gardé un attrait particulier pour Nirvana. J’avais découvert leur premier album, Bleach, en le commandant par hasard, comme je le faisais alors, par intuition ou simple curiosité, ou après avoir lu un commentaire, directement au label californien Subterranean Records, dont je recevais régulièrement le catalogue distro. Ce label a aussi été un petit disquaire à San Francisco entre 1984 et 1988. Au passage, je ferai remarquer que l’attitude punk est aussi de soutenir les indépendants en leur commandant directement leurs productions, au lieu de passer par des multinationales qui se rincent au passage, même si toute diffusion participe aussi à soutenir les indépendants… les librairies et les distro sont importantes pour pallier au phénomène de vampirisation. Plus tard, à la sortie de Nervermind, ça m’a fait drôle de voir l’ampleur du succès de Nirvana. J’ai préféré acheter Incesticide d’ailleurs. Nous aimions écouter des musiques underground, censées ne pas toucher le grand public ou ne le toucher que relativement, et paf ! Nirvana défraie la chronique, merde, qu’est-ce qui se passe ? C’est le monde à l’envers ! Après In Utero, Nirvana joue à Grenoble et invite les Buzzocks en ouverture en plus. Y a pas photo, il fallait y aller, et quel concert ce fut, monstrueux à tout point de vue, musique au top, Pat Smear à la seconde gratte, éclairage scénique impressionnant et son nickel, ce qui n’était pas gagné d’avance dans cette salle.
Pour terminer, le clou de l’année 2018 : The Who by Numbers, L’histoire des Who à travers leur musique. Il ne s’agit pas d’un hommage à l’album des Who portant ce titre, mais bien à leur entière discographie, et ce chanson par chanson. Ce n’est pas une biographie dans le sens précis du terme, mais le livre inclut la biographie du groupe au fur et à mesure qu’il décrypte et analyse ses chansons, ses opéras-rock, ses vidéos, ses films, etc.. The Who by Numbers, donc, littéralement Les « Who par les chiffres », on aurait même pu l’intituler en français, pourquoi pas ? Ce qui évoque bien sûr le point par point, une chronologie ainsi que la classification qui est faite de leurs disques dans les classements britanniques et étasuniens. Mais « Numbers » évoque aussi une catégorie chez les mods. Plusieurs années de boulot de traduction, d’écoutes approfondies de leur musique, de visionnages des films les concernant nous donne une version française bien plus complète que l’édition originale. Sa mise en page est aussi nettement plus attrayante. Pourquoi j’ai choisi les Who ? À moitié par hasard. Je l’ai d’abord commandé pour moi sans arrière pensée. Puis j’ai trouvé que ce serait intéressant de remonter dans le temps aux origines du punk. En plus, le batteur des Stiff Little Fingers, Steve Grantley était dans le coup, et le journaliste Alan Parker a travaillé avec les Monty Python ! Personnellement, j’avais connu la musique des Who à la même période où je découvris le punk, lors de son explosion. C’est un oncle qui avait été guitariste dans un groupe de lycée à Grenoble dans les années soixante, qui m’avait donné son double LP des Who. C’était l’édition française de 1974 de leur 3e album, The Who Sell Out, qui contenait en fait aussi le second album, A Quick One (ce que j’apprendrai des années après !) La pochette avec des boîtes de conserves. J’étais un jeune ado et j’adorais le côte loufoque de ce double-vinyle, que je préférais à leur premier opus, écouté plus tard et qui était plus proche du rock classique. Il faut dire que nous étions alors davantage inspirés par le Your Generation de Generation X ! Et nous apprendrons bien longtemps après que dernière cette ironie générationnelle se cachait un engouement de nombreux groupes punk pour les groupes de leurs grand-frères les ayant inspiré, notamment le prog rock underground. J’avais 14 ans, donc en 1978, la mère de mon pote d’enfance du quartier nous dépose devant un cinéma, où nous avons assistés, tous seuls, comme des grands, à la projection de Tommy. Watcha ! Tout est dit.
Quel est le prochain projet (en vue) ? En plus du punk, allez-vous vous orienter vers le Hardcore ? Vers des nouvelles ?
Nous avons déjà sorti un livre essentiel traitant de la scène hardcore originelle, Going Undergound. qui est toujours disponible. On ne pense pas couvrir des périodes plus récentes, non pas par manque de curiosité ou d’ambition, mais toujours en raison de nos possibilités limitées. Pour l’anecdote, quand j’ai débuté en traduction, pour me faire la main, vers le milieu des années 1990, j’ai bossé sur le pamphlet d’Henry Rollins Bodybag Dans l’idée, c’est vrai, de peut-être travailler sur ses écrits à l’avenir. C’étaient les premiers petits livres qu’il publiait. Puis il a commencé a être vraiment trop prolifique, alors j’ai vite pensé que je ne pourrais pas suivre, à moins de me concentrer uniquement à cela. Ce qui m’était bien sûr impossible. En plus, j’étais encore bien actif au niveau musique à l’époque. Nous avons en fait trois nouveaux livre sur le feu, il y a encore beaucoup de travail. Mais je ne ne vendrais pas la peau du cul avant de l’avoir pelée ! Puis une ou deux petites rééditions. Et après, s’il y a un après, nous aviserons.
Les livres sont disponibles en librairie, as tu un réseau ? Sur le net existe-il une version dématérialisée ?
Économiquement, pour nous comme pour de nombreux petits producteurs, les conditions sont devenues encore plus difficiles ces dernières années. Les coup de fabrication augmentant et l’augmentation successives des tarifs postaux ne faisant qu’accroître notre déficit, nous avons dû augmenter les remises. Le prix des livres n’augmente pas chaque année, lui ! La privatisation de La Poste était une grave erreur, qui a nuit à une multitude de micro-entreprises et continue de participer à la catastrophe économique en France.
Il est certain que si nous avons instauré un site de VPC c’est dans le but de limiter les pertes et d’encourager les gens à nous soutenir en nous commandant les livres directement : il n’y a pas plus punk en matière de marché ! Je le redis. Ils soutiennent la possibilité d’imprimer le livre suivant. Pour les personnes refusant le paiement par carte, il est toujours possible de nous envoyer un chèque. Rytrut est aussi son propre diffuseur. Nous avons eu des propositions en ce sens, mais ça ne fonctionnerai pas dans notre cas, ce serait travailler à perte ; il nous faut un minimum rentrer dans les frais. Il y a bien quelques librairies qui nous commandent des livres pour les avoir en rayon, mais la plupart du temps ce sont des commandes ponctuelles de leurs clients, ce qui est bien aussi. Cela représente quand même le plus gros pourcentage de nos ventes. Il y a aussi quelques distros qui nous sont restées fidèles depuis le début et c’est cool !
La question du livre numérique a récemment été remise sur le tapis, en raison des nouvelles possibilité qui nous permettraient de rester indépendants sur la diffusion. Ce fut un choix jusqu’à maintenant de ne faire que de l’édition papier, notamment parce que nous refusions de passer par les plateformes obligatoires contre lesquelles nous luttons. Et nous continuons de résister à notre niveau, on ne baisse toujours pas les bras ! Même si les gens les plus susceptibles de nous soutenir ne le font pas forcément ; où ne le peuvent tout simplement pas car leurs priorités sont ailleurs. Nous connaissons aussi la précarité.
L’éventualité du livre numérique a donc été soulevée, mais étant donné que la plupart de nos livres ont vu des contrats d’édition pour des livres papier, il nous faudra négocier des avenants avec les éditeurs concernés mentionnant cette nouvelle close, et bien sûr leur proposer un pourcentage. Tout cela sera étudié en temps voulu, mais si nous le faisons, ces versions contiendront des mise en pages simples, avec juste le texte sans photos où illustrations (ce qui, par ailleurs, nécessiterait également un paiement de droits supplémentaires). Je suis désolé de saouler avec l’aspect économique du sujet, mais on ne peut pas bosser plus gratuitement que nous le faisons déjà. Et pour les gens qui veulent le vrai livre, le beau livre, ce sera toujours sur papier !
La lecture est une réponse à l’ignorance selon toi ? Est-ce un modèle de lutte amoureuse ?
N’est ignorant que Steve ! Plus on en sait moins on apprend. Oui, mais il ne s’agit pas de lire recroquevillé dans sa bulle sans jamais en sortir, ni rien faire d’autre, sinon ça peut avoir l’effet inverse. Tout ce qu’on peut vivre ou ne pas faire peut contribuer à l’éveil de toute une chacune. Est-ce que lire c’est agir ? C’est en tout cas certainement plus positif que les tartes dans la gueule… même si on en rêve ! Ah Ah !