On the Road with the Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, chronique Eric Dennis, Blogs Critics, août 2009

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
MONTE A. MELNICK + FRANK MEYER

BLOG CRITICS

Book Review: On the Road with the Ramones by Monte A. Melnick and Frank Meyer Eric Dennis (Blog Critics) 14 aout 2008.

(Chronique traduite de l’anglais par Paul Vincent, 2012 Rytrut)

Histoire orale partagée d’un groupe et mémoires d’un tour manageur, Sur la route avec les Ramones est essentiellement la bible d’un fan des Ramones. Tour à tour hilarant et poignant, c’est un compte rendu sympathique du groupe, même s’il est brutalement honnête, raconté par ceux qui ont été témoins des nombreux hauts et les bas du groupe au cours de leur longue carrière musicale. Maintenant réédité avec plus de détails sur la mort récente de Johnny Ramone et une brève mise à jour concernant les membres survivants des Ramones, le livre de Frank Meyer et de Monte Melnick reste encore l’une des meilleurs biographies musicales parues.

Dans des rôles incluant tour manageur, père de substitution, chauffeur de van, punching-ball humain, intermédiaire lorsque certains membres du groupe ne se parlaient plus et, occasionnellement, sonorisateur – CJ Ramone compare le travail de Melnick à « essayer de faire du baby-sitting avec des enfants ayant des besoins particuliers.» – Melnick a été certainement un personnage clé dans l’histoire du groupe. Son livre, agrémenté de nombreuses photographies et contenant suffisamment de souvenirs pour rendre malade les zicos follement jaloux, est une lecture essentielle pour tous ceux ayant un intérêt constant pour l’histoire de la musique.

Bien que Melnick et bon nombre de parti au livre partagent une nette sympathie et une affection pour les Ramones, autant en tant que groupe que personnellement, il n’est pas question ici de dithyrambe déformant la réalité. En effet, la détermination que mettent les contributeurs pour traiter des défauts et des dysfonctionnements du groupe crée une bien meilleure compréhension de chacun des membres pris individuellement. Ce livre n’est pas tout à fait aussi direct, ou aussi choquant, que la récente histoire orale de Crystal Zevon sur son ex-mari Warren Zevon, mais c’est assez proche.

Parmi les quatre Ramones originels, c’est certainement Tommy qui bénéficie du traitement le plus sympathique. John Holmstrom, qui a réalisé le dessin de couverture, très dessin animé, affirme clairement que le groupe a « périclité quand Tommy est parti… Il était le ciment des Ramones. » Tommy s’est largement vu attribuer de mérites tout au long du le livre, pour avoir été un élément clé dans l’élaboration du son des Ramones. En effet, Tommy a produit les quatre premiers albums du groupe.

Le chanteur Joey Ramone est aussi essentiellement dépeint avec une grande sympathie. Et parfois comme étant parfois douloureusement maladroit et timide, beaucoup de commentaires sur Joey sont concentrés à la fois sur sa grande douceur et sur ses diverses affections physiques et mentales, notamment sur ses excentricités, probablement liées à ses TOC (longtemps avant qu’un nom ait été donné à cette maladie). Les récits concernant le décès du chanteur, mort d’un cancer en 2001, rendent parfois la lecture difficile et troublante.

Les commentaires concernant les deux Ramones originels Dee Dee et Johnny sont souvent loin d’être flatteurs. Alors que l’importante contribution au groupe de Dee Dee est reconnue (en tant que parolier de certaines des meilleures chansons des Ramones, il a même continué de fournir des chansons pour le groupe après avoir été évincé), bon nombre des interviews décrivent comment le bassiste se considérait lui-même comme une pelote à épingles pharmaceutiques qui, tour à tour, modifiait considérablement son comportement. La plupart des contributeurs s’accordent sur le fait que Dee Dee était une personne différente quand il était sobre, souvent calme, réservé et poli. Peut-être du fait d’être bipolaire ou d’avoir une double personnalité, de nombreux commentaires rappellent comment Dee Dee était intimidant et follement imprévisible en raison de sa consommation de drogue. Le photographe Bob Gruen affirme que le bassiste « avait l’habitude de se balader torse nu au milieu de la nuit avec une batte de baseball. C’était un type effrayant. Vous n’auriez pas voulu être sur sa liste noire. » Les additions de Dee Dee finiront par avoir raison de lui, avec une overdose accidentelle en 2002.

Beaucoup de commentaires sur le guitariste Johnny se concentrent sur sa détermination à instaurer de la discipline dans les Ramones pour la réussite du groupe. Un commentateur va jusqu’à dire que « Johnny était un super dur à cuire, mais… ils n’auraient probablement même pas été un groupe s’il n’avait pas pris le contrôle. » Même si cette détermination lui est aussi venue de ses antécédents, Johnny est souvent représenté comme étant lunatique, dominateur, agressif et militariste. Le musicien Cheetah Chrome dit : « On avait l’habitude de les appeler les Marones car Johnny était tel un sergent instructeur. ‘Ce ne sont pas des Marines – ce sont des Marones. »

La sensibilité de droite de Johnny et ses tendances racistes sont également la source de beaucoup de discussions. Ayant à un moment porté sur lui une carte de membre du KKK (et peut-être inspiré la chanson « The KKK Take My My Baby Away »), les contributeurs du livre ont des avis divergents quant à savoir si Johnny était raciste ou s’il essayait simplement d’agacer des gens. L’impresario John Giddings dit ironiquement que le guitariste « était plus à droite qu’Attila le Hun ».

Le livre est complété par une superbe collection d’images diverses. Les contributions des différents autres membres du groupe – Marky, CJ, Richie et Simplet (attendez, ce n’est pas le bon groupe) – sont finalement reconnues comme des éléments clés dans l’histoire du groupe. On discute de l’importance de l’équipe technique dédiée au groupe, et le livre présente de manière agréable ce que représente le travail fastidieux que nécessite une tournée. Les tournées incessantes du groupe, son héritage, et l’impact qu’il a eu plus tard sur les musiciens sont examinés sans aucune exagération, comme c’est parfois le cas dans ce genre d’histoires. Il y a plein d’anecdotes sur les bêtises et les plaisanteries faites dans les hôtels, certaines sont très juvéniles et donc extrêmement drôles, et cela permet de rompre avec le ton parfois lourd des commentaires. Avec des photos fantastiques et suffisamment de souvenirs pour satisfaire même le fan le plus connaisseur, ce livre est aussi une excellente histoire visuelle sur la manière dont groupe a été commercialisé et promu.

Pourtant, ce qui reste le plus frappant est que le groupe a pu surmonter ses dysfonctionnements durant plus de 20 ans. Les membres du groupe n’ont jamais été particulièrement proches. Melnick compare la relation entre Joey et Johnny à un mariage qui ne perdurent que pour le bien des enfants. Alors qu’en coulisses les membres du groupe avaient de sérieuses différences et devaient faire face à leurs propres démons, de l’avis général, ils étaient de parfaits professionnels sur scène.

Sur la route avec les Ramones raconte l’histoire du groupe avec beaucoup d’affection et grande honnêteté. Chaque membre du groupe est dépeint comme une personne, et non pas simplement à travers le stéréotype du punk ou du musicien. Tour à tour émouvante, déchirante et hilarante, cela reste l’étude la plus approfondie et la plus objective du groupe à ce jour.

– Eric Dennis