TYPICAL GIRLS ? L’histoire des SLITS
ZOË HOWE
SLOW SONGS FOR HEARTS, 29 septembre 2010 :
Typical Girls? The Story of The Slits, Zoë Howe, par Melissa & Katie
(Article traduit de l’anglais par Paul Vincent)
Ça fait maintenant plusieurs années que j’écoute et apprécie The Slits, ayant découvert leur musique sur le tard, mais ça fait assez longtemps pour que leurs chansons aient imprégné mon corps. Vivant en Nouvelle-Zélande, leur musique convient parfaitement avec ce que j’ai retenu du mouvement riot grrrl punk / post-punk anglais et européen. Je savais qu’elles avaient eu de l’influence sur les riot grrrl et leur manque de reconnaissance m’a indignée, autant pendant « l’ère punk » qu’aujourd’hui. J’ai été tour à tour excitée, désorientée et intriguée par leur musique. J’ai plus aimé les Peel Sessions que Cut, mais j’ai très bien compris l’importance de cette album et le fait que The Slits aient déjoué les conventions du punk comme certains le considéraient, en forgeant leur propre style, étonnant et influent – sans oublier le fait qu’elles ont commencé comme un groupe punk composé uniquement de filles, qui écrivaient, jouaient et contrôlaient leur musique, et la chanteuse n’avait que 14 ans !
Cependant, ce n’est pas avant de déménager à Londres que tout cela m’a vraiment interpellée. Remarquez, je pourrais dire cela pour la plupart de la musique anglaise que j’ai vraiment écoutée. Cela ne veut ne pas dire que l’on peut trouver toute la musique que l’on désire dans un pays lointain comme la Nouvelle Zélande, tenant compte du « filtrage » de votre propre ville natale, mais je dois dire qu’il y a quelque chose de romantique (et d’impunément idéaliste et nostalgique, je l’admets). En regardant par la fenêtre de mon apart’ de North London, un gris dimanche après-midi d’automne, les briques et les tuyaux de cheminée, et les enfants qui jouent au milieu de la rue, à l’écoute du mélange des accents et des langues, voyant les corbeaux et les pigeons voltiger sur les toits, et ah… bien… maintenant, j’ai capté ce dont elles parlent.
“Newtown where everybody goes around sniffing televisena or taking footballina…” Se promener dans un quartier comme Brixton et entendre le reggae dans les rues, se mêlant avec le punk qui sort des squats. « Rêver dans un bus… » et voir des jeunes filles dures à cuire, qui parlent fort, portent des accoutrements dingues et ont une attitude provocante et décomplexée (cela arrive en Nouvelle-Zélande aussi, bien sûr, mais accents différents, contextes différents).
Le livre de Zoë Howe est autant une histoire complète et détaillée des Slits qu’un aperçu incroyable du Londres de la fin des années 1970 début des années 1980. Si vous vous sentez aussi romantique que je le suis à propos de Londres, je vous recommanderais ce livre, que vous connaissez ou ne connaissiez pas les Slits.
Curieusement, compte tenu du fait qu’elles aient été souvent citées par de nombreuses artistes d’aujourd’hui comme les ayant inspirées musicalement, politiquement et personnellement, c’est la première fois que The Slits ont un livre leur étant entièrement consacré. C’est particulièrement étrange, car elles sont tellement importantes et imbriquée dans l’histoire du punk rock, du post-punk et aussi de la formation du riot grrrl. Eh bien, j’espère que ce ne sera pas le dernier livre écrit à leur sujet, et je suis contente que Zoë ait posé la première pierre.
J’ai lu récemment Meaty, beaty, big and bouncy!: classic rock and pop writing from Elvis to Oasis, qui comprend des articles de rock critics comme Julie Burchill et Nick Kent. L’écriture de Zoë Howe n’a pas la personnalité douloureusement aiguisée de ces critiques, ce qui en fait une lecture facile, et vous ne vous sentez pas irritée par une opinion qu’on vous force à digérer. Mais en même temps, qui peut nier le plaisir acquis à la lecture d’un document de journalisme musical purement opiniâtre ? Qui n’aime pas sentir la passion brûler le long des pages ? J’aurais aimé en apprendre davantage sur la propre expérience de Zoë concernant son écoute de la musique des Slits, et connaître ses opinions sur différentes périodes de leur histoire, entendre davantage sa voix dans son écriture. Ce serait la seule critique me concernant.
Une des choses que j’ai le plus aimé dans le livre, c’est le fait qu’il donne l’occasion de découvrir ce que les autres musiciens pensaient de la musique des Slits. Jusqu’alors, même les articles « pro-Slits » que j’avais lus se concentraient sur d’autres aspects, tels que leurs singeries folles et l’horreur qu’elles suscitaient envers le grand public. Je n’avais lu que très occasionnellement des articles qui analysaient leur musique, car le plus souvent il était dit qu’elles ne savaient pas jouer. Des amis tels que Keith Levene (The Clash, PiL) et Don Letts, entre autres, donnent un aperçu des intentions musicales des Slits et analysent leur jeu – comme c’était la norme dans les articles écrits sur les musiciens masculins de l’époque, mais c’était plutôt rare, voir inexistant, en ce qui concerne The Slits. Par exemple, Levene y décrit ce qu’il pense du jeu de Viv Albertine, après lui avoir donné quelques leçons de guitare, et elle a ensuite fait son propre truc, expérimentant et créant un style qui lui est propre. Nous découvrons qu’Ari Up était musicienne avant de rejoindre The Slits, et qu’elle jouait du piano – c’en est assez de la définir comme une trublion en quête d’attention, comme les gens veulent vous le faire croire. Plus spécifiquement pour les fans, sont aussi révélés des détails tels que ce que ressentait Tessa en chantant Aventures Close to Home, sortant de son rôle de la bassiste silencieuse et mystérieuse.
Les connexions des Slits avec d’autres musiciennes de l’époque comme les Mo-dettes ou Nina Hagen sont aussi explorées.
Une véritable analyse de musiciennes punk – incroyable !
Bon d’accord, je vais arrêter de divaguer maintenant. Il s’agit d’un livre excellent et très tardif, sur un groupe extrêmement important qui a enfin obtenu une certaine reconnaissance.
Qui sommes-nous ?
Nous sommes Melissa et Katie. Nous sommes toutes deux de Nouvelle-Zélande, mais nous vivons éloignées maintenant, car Melissa s’est installée à Londres en 2008. Katie vit à Auckland.
Melissa tient une boutique queer / féministe basée en Nouvelle-Zélande, Cherry Bomb Comics avec Tui, bien qu’actuellement, c’est surtout Tui qui doit faire tout le travail. Melissa organise des concerts et des événements DIY à Londres et tiens une distro anglaise pour Cherry Bomb Comics. Elle est généralement obsédée par la bande dessinée, les disques et la faune anglaise (en particulier les renards et les hiboux) et elle a des projets d’écriture.
Katie aime faire des sites Web et d’autres trucs liés au design, et elle aime faire les choses en état d’ébriété, ce qui dérange probablement Melissa.
Dans notre blog, nous écrivons au sujet du (post-) punk, riot grrrl et ses successeurs, no wave, pop, de grandir avec le hip hop et tout autre genre qui éveille notre imagination (généralement DIY, avec des musiques à dominance queer et de filles). [Plus d’infos sur leur blog].