ENTERTAIN US – THE RISE OF NIRVANA
Gillian G. Gaar
Copyright 2012 Shelley L. Germeaux, Seattle Rock Music Examiner
(Interview traduite de l’anglais par Paul Vincent)
17 août 2012, Seattle, Washington – un nouveau livre sur l’un des groupes de rock plus influents de l’histoire, Nirvana – « Entertain Us: The Rise of Nirvana » (Jawbone Press) – doit être en librairies aujourd’hui, écrit par l’auteure de Seattle Gillian G. Gaar. Nous avons lu un exemplaire avant la sortie officielle du livre et interviewé Gillian par téléphone.
Originaire de la ville à laquelle on se réfère comme étant comme la « terre du grunge », Gillian est une fan de Nirvana depuis les premiers jours. Aussi auteure de « In Utero » et « A Rough Guide to Nirvana », c’est son troisième livre sur le groupe punk d’Aberdeen qui allait exploser dans la scène musicale de Seattle des années ’90 qui créa le genre musical appelé « grunge ».
Jusqu’à présent, les livres ayant été publiés sur Nirvana se concentraient sur la « période superstar » du groupe et bien sûr la dégringolade et la mort de Cobain. Ces ouvrages tendent à simplement effleurer les premières années. In Entertain Us, Gaar examine l’histoire occultée, moins connue, de l’ascension du groupe vers la gloire, et la conception de leur premier album, Bleach. Elle a fait des recherches précises et visé juste en dévoilant une mine de détails sur leurs sessions d’enregistrements et en incluant ses découvertes dans ce livre.
GillianGaar était l’une des premiers journalistes (pour le célèbre magazine du métro de Seattle, The Rocket) à écrire au sujet de Nirvana et à suivre de près la carrière du groupe alors en plein essor. Ayant assisté à plusieurs de leurs concerts, elle partage son point de vue et son expérience de premier ordre. Tout comme il est dit à propos des années 1960, la période de Nirvana évoque également le dicton « Il fallait être là » pour « vraiment comprendre ». Et Gaar l’a certainement compris.
S’appuyant sur des interviews approfondis avec les personnages clés de l’histoire, y compris le bassiste Krist Novoselic, le premier batteur Chad Channing et les producteurs Jack Endino et Butch Vig, ce livre décrit la formation du groupe à Aberdeen, ses tous débuts ainsi que son rôle au centre de la ruée vers l’or grunge.
Entetain Us mène le lecteur à travers l’histoire de Nirvana, en passant par les divers changements de nom, les changements de membres, les sessions d’enregistrement, les sorties d’albums et les concerts ainsi que les relations en dents de scies des musiciens. Le témoignage de BuzzOsborne (Melvins) met en évidence les problèmes de couple de Kurt avec son épouse Courtney Love, quand il se souvient d’une « grosse bagarre » lors de leur tournée européenne. Après quoi Kurt lui a demandé :« Comment vais-je me sortir de ça ? » Et Buzz lui a conseillé :« Laisse-lui tout et va-t’en! ». Ce n’était pas longtemps avant que Kurt se donne la mort. Dans son récit, Gaar nous emmène du début du trajet jusqu’à la fin, suivie de la discographie et des dates de concerts jusqu’en 1990 [période la plus couverte dans ce livre].
Dans le prologue, « Here We Are Now » [Nous sommes là] l’auteure commence à un moment intéressant dans la carrière de Nirvana : le sommet. C’est un regard dans les coulisses depuis sa formation jusqu’à l’instant qui a tout changé, passant d’un jeune groupe inconnu à une soudaine notoriété. C’est le coup d’envoi d’une chronique bien documentée qui n’aurait pu être écrite que par le fan le plus impliqué et le journaliste le plus informé.
Ici, on nous dévoile la face cachée de la création de la chanson à succès « Smells Like Teen Spirit» ; C’est la chanson qui enverra Nirvana sur les charts et les catapultera vers une renommée internationale. C’est après la sortie de ce titre que tout a changé. Ils y étaient arrivé. Mais la seule chose que Kurt avait toujours voulu atteindre, « la renommée », sera aussi ce qui entraînera sa chute.
Nous apprenons que, en août 1990, son amie Kathleen Hanna avait griffonné la phrase qui donnera ce titre désormais emblématique sur un mur de l’appartement de Kurt après une longue nuit de fête. L’année suivante, Kurt trouve que c’est un « titre génial » pour une chanson sur laquelle il travaille ; celle-ci n’a encore pas de paroles mais un super riff de guitare. Lors de sa première interprétation, en avril 1991 à l’hôtel Seattle OK, les paroles de la chanson n’étaient pas encore finalisées et cela correspondait à la manière de travailler de Kurt. Malgré ses défauts, cette chanson a eu un énorme succès et leur a donné un public enthousiaste ; même le groupe en a été surpris.
Comprendre comment ce moment de gloire est arrivé est une bonne entrée en matière afin d’apprécier le reste de l’ouvrage, qui remonte au début de l’histoire du groupe. Nous continuons avec le chapitre « In The Pines » [dans les pins], une description d’Aberdeen (Washington), ville natale de Kurt, et les souvenirs des membres de sa famille qui se rappellent de son aptitude musicale précoce, quand il jouait avec justesse les mélodies d’une chanson qu’il venait d’entendre à la radio. Les Beatles était son groupe préféré, avant d’en aimer beaucoup d’autres. Mais le divorce de ses parents lui a été difficile à vivre. Se retrouvant seul, Kurt a décroché de l’école. Il habitait parfois chez des amis, et était parfois sans abri, vivant même « sous le pont » à l’autre bout d’Aberdeen, où il fumait de la marijuana au bord de la Wishkaw River, et il a jamais quitté sa guitare ni lâché la musique.
Ce qui suit est une déclamation captivante et détaillée de la route à suivre, lorsque le « nirvana » ne se faisait pas toujours sentir. Le titre « Underground Attitude » fait référence à l’annonce de Kurt et Krist paru dans The Rocket en 1987, dans laquelle ils cherchaient un « batteur sérieux avec une attitude underground ». Après quoi Dale Crover fut embauché, remplaçant Aaron Burkhart. Quand ils ont commencé à jouer dans la « grande ville » de Seattle, à leur premier concert (Krist a raconté à Gillian qu’il pensait que c’était à la Central Tavern) « personne n’est venu », a déclaré Kurt. Ils sont alors restés assis sous le viaduc toute la nuit à picoler, et n’ont même pas joué.
Toutes ces anecdotes des débuts de Nirvana, avant la célébrité, raviront les fans tout au long du livre. Gillian a capturé l’essence de ce qu’était le groupe avant de devenir les rois du Grunge, de faire des tubes et de multiplier les fans dans le monde.
Ce livre est un dossier important de l’histoire du groupe, et contient une vingtaine de photos saisissantes. Gillian vous emmènera aussi à l’exposition de l’Experience Music Project « Taking Punk to the Masses « [Rendre le punk populaire] de 2011, ayant obtenu des commentaires des participants connaissant les choses de l’intérieur et présents à l’inauguration, et décrivant certains artefacts historiques, tels que la valise rose de Kurt. C’est un compte rendu poignant pour conclure l’histoire tumultueuse du groupe, avec un commentaire disant qu’il n’y avait une seule chose qui clochait dans cette exposition : « Kurt n’était pas là ».
ENTRETIEN de SHELLEY GERMAUX avec GILLIAN G. GAAR
Seattle Rock Musique examiner : Quels concerts de Nirvana avez-vous vu ?
Gillian Gaar : La première fois c’était en 1992 au Coliseum de Seattle. J’aurais aimé les voir à leurs débuts, quand ils jouaient dans des clubs. Mais ils ont fait des concerts surprise au Crocodile, où je les ai vus le 4 octobre de ’92 5mg cialis. J’avais interviewé Courtney, ce qui m’avait amené à ce concert. Puis le 6 août ’93 je les ai vus au concert en hommage à Mia Zapata au King Theater, où Nirvana était en tête d’affiche. L’année suivante, je suis allée à New York pour leur concert Unplugged et un autre concert. Le dernier concert que j’ai vu eut lieu au Mercer Arena le 7 juin ’94.
SRM : Vous avez plusieurs fois interviewé Courtney, avez-vous jamais rencontré Kurt ?
GGG : Je l’ai rencontré officiellement une fois. Courtney me l’a présenté en backstage le 13 décembre 1993, lors du concert « LiveandLoud » au Pier 98. Après le show je l’ai interviewé pour The Rocket. Il n’était pas très bavard. Mais j’ai eu une expérience plus intéressante et inoubliable que je peux partager avec vous. Un soir, six mois plus tôt, le 26 juin, j’étais à CapitolHill, où je vis, j’avais besoin de retirer de l’argent à l’automate. C’était un samedi soir et un mec était devant moi, alors j’attendais qu’il ait fini. Il avait l’ai dépenaillé, et je me suis dit que ce gars ne devait avoir que dix dollars dans son compte et que cela ne devrait pas prendre longtemps, vous voyez ? Il s’est retourné et c’était KURT. J’ai failli m’évanouir. J’ai eu un temps d’arrêt. Il a sans doute pensé que je l’avais reconnu… mai vraiment, j’ai été surprise par son apparence. Je ne pouvais pas y croire.
SRM : Vous avez mentionné que vous avez travaillé sur le coffret de 2004 Nirvana, « WiththeLights Out ». Quelle a été votre contribution à ce projet ?
GGG : Eh bien, j’avais rédigé un grand article paru dans Goldmine à propos de leur carrière studio et j’avais interviewé Krist. J’ai fait des recherches concernant toutes leurs sessions studio, interviewé beaucoup de gens et assemblé une bonne partie de l’histoire. Alors quand j’ai entendu parler du coffret, j’ai contacté Krist et lui ai proposé mon soutien. Krist a accepté. J’ai donc joué le rôle de l’historienne. Je les ai aidés avec tous ces détails récoltés et pour la rédaction des notes.
SRM : Qu’est-ce qui a fait Nirvana se démarquait pour vous, ce qui les différenciait des autres groupes grunge de l’époque ?
GGG : Ils semblaient afficher une « sensibilité pop », cela laissait fortement penser qu’ils avaient une connaissance profonde de la musique contemporaine. Je veux dire qu’ils étaient tous des fans des Beatles, alors ça vous évoque quelque chose. Ils savaient d’où ils venaient et ce qu’ils faisaient. Mais en fin de compte, je dois dire que c’était principalement la voix de Kurt. Cette voix… si unique. Il avait une manière de crier si particulière… si…
SRM : Passionnée… sincère…
GGG : Oui. Exactement. Il était authentique. Ses cris venaient du fond de son âme…
SRM : Et du cœur. Je peux ressentir cela en l’écoutant. Ça venait de l’intérieur. C’est palpable.
GGG : Exact. Et vous savez, ils ont la réputation d’être sombre, les gens pensent qu’ils étaient déprimés. Mais en vérité ils aimaient aussi vraiment faire les imbéciles. Ils racontaient des blagues bizarres sur scène et ils étaient drôles, sans jamais prendre de grands airs. Ils étaient vrais. Le truc du pessimisme arriva seulement après qu’ils eurent commencé à prendre des drogues.
SRM : J’ai remarqué que lorsque vous arrivez à la mort de Kurt dans le livre, vous n’entrez pas dans les détails. Je sais que vous avez auparavant parlé au médecin légiste, et vous ne mentionnez aucune des théories du complot sur sa mort.
GGG: Nan. Je n’en ai pas fait mention. Pas pour ce livre. Ce récit se concentre principalement sur leur histoire avant la renommée du groupe. Je ne suis donc pas allée trop loin sur les questions qui ont déjà été traitées dans d’autres livres.