LA PHILOSOPHIE DU PUNK
– Histoire d’une révolte culturelle –
CRAIG O’HARA
Jean-François Chalot, L’ÉCOLE L’ÉMANCIPÉE, Seine et Marne, 2003
+ repost sur CRITIQUES LIBRES : 01.10.2010 ; UFAL
« J’ai commencé la lecture de ce livre, traduction d’une oeuvre de Craig O’Hara sortie en juillet 2003 pour deux raisons essentielles complémentaires. D’une part, mon fils est punk. D’autre part, la couverture de l’édition française est dessinée par un certain Sapiens, punk très proche qui a participé comme enfant et comme ado à plus de quinze semaines de l’Ecole Emancipée. Je savais que le livre m’intéresserait, j’ignorais qu’il me passionnerait au point de le lire d’une seule traite. Ce livre explique la genèse du mouvement punk et décrit la réalité de sa philosophie, en détruisant certains clichés. Il est vrai que l’imagerie populaire montre le punk violent, alcoolique, un peu stupide. N’est-il pas présent, très souvent, d’ailleurs, dans des films policiers ou de science-fiction américains ? Le dernier en date que j’ai entr’aperçu à la télé, ce fut Robocop n° 3. Dans ce film que vous devez absolument éviter, les méchants payaient des hordes punks pour déloger, voire tuer, des sans abris. Quand on a fréquenté l’univers de la scène punk, on s’aperçoit vite qu’on ne peut les réduire à une violence brute. D’ailleurs, par principe, les punks seraient non violents. Comme le livre de Craig O’Hara le montre, la scène punk constitue une contre-culture radicale avec ses concerts de hardcore (issus du punk rock) et autres filiations musicales, avec son mode de vie, sa solidarité, son refus de parvenir, la richesse de sa production picturale et écrite. Des centaines de fanzines, petits journaux, très peu courtois pour l’ordre établi sont ainsi édités et distribués très régulièrement. Le lecteur apprend très vite que les choix politiques de ce mouvement se tournent plus vers les anarchistes que les marxistes. Nous en côtoyons d’ailleurs certains dans les manifestations contre les expulsions, contre le racisme et le Pen. Qu’ils soient anglais, écossais, américains ou français, les punks ignorent les frontières et essayent de vivre en cohérence avec leurs idées : ils sont plus souvent végétariens ou végétaliens qu’omnivores et se comportent comme des ‘rebelles au grand coeur’, comme le rappelait le guitariste anglais Sensa Huma dans un reportage de l’émission Tracks sur la chaîne Arte. Si vous en avez le loisir, allez rencontrer des militants punks qui squattent, vous serez étonnés par l’accueil qu’ils vous réserveront, leur sens de l’organisation et la qualité des oeuvres et des dessins qui y sont affichés. » – Jean-françois Chalot