HISTOIRE ORALE DU PUNK ROCK
de John Robb (Rytrut éditions)
Après d’étourdissantes traductions, rédactions, mises en pages et publications colossales et enivrantes par leur somme d’érudition sur les Who, Crass, Nirvana, D.O.A ou encore les Ramones et une histoire du punk américain (1979-1992) Going Undergound (de George Hurchalla) je me suis extasié sur la sortie de Histoire Orale du Punk Rock de John Robb. Traduction et publication grâce aux bons soins du almighty home team des Éditions Rytrut. Format à l’italienne.
Une anthologie de propos recueillis au fil des routes et des rencontres de l’auteur (chanteur des Membranes, post-punk / noise de Leeds) et rédigés avec un devoir de mémoire où l’on constate que des gens intelligents ont pu dire, écrire et faire croire en d’énormissimes conneries alors que certains, des deux sexes confondus – qui sont passés pour d’infâmes et innommables crétins – ont su provoquer la naïveté des masses et faire voir et entendre la fureur avec la pertinence et la subversion qui s’imposaient dans différents contextes. Quel plaisir de lire, pour une des trop rares fois en français, combien les clichés et contre-vérités sur le mouvement punk peuvent être ébranlés avec rigueur et honnêteté. Et ce n’est pas fini, car moi aussi je m’en occupe, autrement.
Cette somme de témoignages est aussi passionnante qu’instructive et j’exige, que dis-je, j’impose que l’ouvrage soit commandé par toutes les bibliothèques francophones, ici, maintenant que c’est chaud, partout ! Ce livre est un feu d’artifice rempli de pépites en guise de décors ! Une frénésie de propos que l’on pourrait trouver encore plus décousus que les pages de mon zine au premier jet mais qui, avec patience et malgré de nombreuses redondances, aident à s’y retrouver dans ce magma de personnalités et d’influences, mais pas seulement… Et c’est aussi un des mérites de l’ouvrage (à l’index ébouriffant et aux notes de bas de pages déconcertantes). Heureusement que ces 430 pages ne relatent « qu’une histoire orale », sinon qu’est ce que ce serait.
Impossible à résumer, j’insiste : une nébuleuse qui résonnera encore, et longtemps ! Producteurs, managers, éditeurs, graphistes, ingés son, photographes, clubs et salles n’ont pas été négligés dans cette histoire – « orale » mais bien écrite du « punk » – qui nous apprend ce que nous n’aurions jamais su sans un récit aussi vibrant qu’enthousiasmant, parfois drôle (on croule sous les détails insoupçonnables…) mais aussi, nécessairement, un peu tragique ; imaginez la somme de souci d’un groupe anticonformiste dans les années 70/80’s (si vous le pouvez…). Je vous épargne aussi les embrouilles /magouilles avec les maisons de disques, les plus téméraires ayant courageusement opté pour créer leurs propres labels et garder le contrôle sur leurs activités. Si ça ne vous parle pas, ça s’appelle le DIY.
Si vous avez aimé Burning Britain sur la seconde vague, vous adorerez celui-ci sur la précédente. Maintenant que ces textes / précieux recueils de propos tous azimuts, parfois drôles mais surtout d’une lucidité rare sont enfin disponibles, donnez-vous les moyens et commandez-le. DIY rules. Vaillamment illustré par de superbes peintures de Vince Bank.
www.vincebank.com www.rytrut.com www.louderthanwar.com
– Flower Punker (Zoop Zine) Infoshop Bokal <lebokal@free.fr>
PS : Provoquer certes, mais qui, où, quand, comment et surtout pourquoi… Il serait temps de le savoir,…