MAGIC n°100, mai 2006, par Étienne Greib
CRASS, Chansons d’Amour (RYTRUT)
« Crass fut un groupe punk anarchiste anglais actif de 1977 à 1984, mais dont l’influence reste énorme, ou tout du moins devrait l’être. Ce recueil de traductions de ses textes en français est fondamental. À titre personnel, je pense que les gens qui sont dans la rue et manifestent de nos jours feraient mieux d’écouter Crass et de s’en inspirer plutôt que de se faire berner par des groupes de ska festifs d’inspiration celtique prônant la légalisation de ces drogues qui rendent nigauds et les empêcheront de poursuivre toute action révolutionnaire véritablement constructive et directe. Pour moi, les jeunes dreadlocks ne sont que des putains de hippies, mais je suis probablement un vieux con réactionnaire. Et je l’assume. En revanche, en tant que rock-critic, je me suis pris un texte de plein fouet. Permettons-nous à l’usage de certains de le reproduire ici en partie. « Les salauds, n’aiment pas la musique, n’aiment pas les paroles, n’aiment pas les sentiments. (…) Grattez-vous le nez avec votre stylo-bille, étalez votre morve dans Sounds (ndlr. Remplacez Sounds, hebdo anglais défunt par n’importe quelle publication de votre choix) et retournez jouer du stylo avec vos esprits branchés. (…) La lecture de la presse est à pleurer et à hurler, ridiculisant et critiquant ceux qui veulent changer ce foutoir. (…) Il y a tant de parasites qui vivent de notre transpiration, tellement d’enfoirés qui ne sont là que pour ce qu’ils veulent obtenir. Le punk n’a rien à voir avec vos normes et vos règles, ce n’est pas qu’un produit de plus pour les (…) imbéciles. Vous êtes là assis derrière vos machines à écrire, alignant des conneries, pourrissant dans la décadence de votre fosse à merde, en attendant qu’il se passe quelque chose pour vous en approprier une partie. (…) ‘Peux-tu me mettre sur la liste des invités ? Y a-t-il des boissons à l’œil ? Je n’arrive pas à écrire avant d’être bien bourré’. Fous le camp, espèce de dégueulasse. » De quoi remettre effectivement les idées en place à certains. Et surtout à qui voudra bien se donner la peine de lire intégralement Chansons d’Amour et en concevoir une vision à la fois pleinement pertinente mais essentiellement paranoïaque du monde. » – Étienne Greib
Paroles intégrales de Dépêche-toi Garry (Parsons a pété), la chanson de Crass dont il est question dans cette chronique.