Les Slits : les aventurières du punky reggae party girls ! Punkulture n°4, décembre 2017
Zoë Howe – The Slits, Typical Girls? chronique France de Griessen, Longeur d’Ondes n°83, automne 2017
Chronique Longueur d’Ondes n° 83, automne 2017
par France De Griessen
ZOE HOWE
Typical Girls? L’histoire des Slits
Ed. Rytrut, 21 €
« Je lui ai appris à fonctionner par paliers, et comment elle pourrait l’appliquer dans la vie, pas seulement avec son instrument. Cela ne ne concernait pas seulement le jeu de guitare, il était aussi question de l’approche », témoigne Keith Levene, l’un des membres fondateurs de The Clash, évoquant les cours de guitare qu’il donna à Viv Albertine, future guitariste de The Slits, ajoutant : « Quand elle a commencé à sortir ses propres trucs, c’était suffisant pour moi ! J’étais là (à lui dire), je ne sais pas comment tu fais ça, mais c’est génial ! » Que l’on soit ou non fan de ce groupe précurseur qui inventa un son mêlant dub, reggae, post-punk, rythmes africains, funk et free-jazz, cet ouvrage s’avère un document passionnant au sens où, au-delà de l’histoire de musiciennes fabuleusement audacieuses, toujours inventives, rebelles et charismatiques, il retrace la construction d’un style, étape par étape, de 1976 à 1981, avec un formidable esprit de liberté.
Zoë Howe – The Slits, Typical Girls? chronique Agnès Léglise, Rock & Folk n°602, octobre 2017
Chronique Rock & Folk n°602, octobre 2017
par Agnès Léglise
Injustice
Typical Girls?
L’Histoire des Slits
ZOE HOWE
Rytrut
Viendra bien le moment où même le rock, repaire machiste s’il en est, regardera en face sa propre histoire sexiste et réalisera à quel point cette injustice a pesé sur les carrière féminines du genre. Hé ouais guys, c’est pas simplement parce que les femmes seraient moins douées qu’elles dominent si peu la scène rock mais bien parce que le rock reflète étroitement le monde dans lequel il est né, monde en l’occurrence mâle et blanc oh ça alors, la plupart de ladite scène rock. La preuve ? La place modeste d’un groupe comme The Slits dans la légende dorée du punk démontre, à elle seule, l’incroyable mépris qu’on subi les femmes dans ces professions. Et comment je le sais ? J’étais là. J’étais parmi celles et ceux qui ne considéraient pas d’un même œil un groupe de filles – vous avez remarqué, un groupe de musiciennes, c’est un groupe de filles quand un groupe de garçons, c’est un groupe tout court ? – qu’un groupe masculin et qui jugeait à priori, avec la même condescendance, quasiment toute tentative exclusivement féminine, sauf celles qui jouaient avec assez de sexy pour amadouer les auditeurs et décideurs mâles, bien sûr. Le truc c’est que c’était même pas notre faute, on était tout simplement le produit de nos éducations et les héritiers de conditionnement centenaires. Ce qui n’est pas vraiment une excuse si on y réfléchit bien, vu que les jeunes Slits, pourtant nées dans ce même patriarcat triomphant, ont su d’instinct s’écarter du rôle et de l’image traditionnelle et en exploser les codes plus que quiconque avant elles. Les mémoires de Viv Albertine, chroniquées ici récemment avec enthousiasme, nous avaient déjà rappelé l’existence du groupe et le livre de Zoë Howe « Typical Girls ? L’Histoire des Slits » vient à point nommé pour réparer cette injustice. Car injustice flagrante il y a eu. Certes, les Slits ne savaient pas du tout jouer au début de leur carrière, mais la plupart de leurs congénères punk n’étaient pas plus aguerris sans que ce défaut leur soit à eux, fatal. Perçues comme d’incontrôlables punkettes, elles ont quand même survécu là où beaucoup ont disparu – ou pire – et ont pondu une œuvre méconnue, férocement féministe – quoiqu’elles s’en défendissent alors – plus riche et plus aventureuse que qusiment tous leurs petits potes pourtant mieux considérés. Notons que le showbiz, qui pouvait accepter les pires fantaisies punk ou les pires caprices de leurs stars mâles, était quand même hyper embarrassé par des jeunes filles qui osaient le culot obscène de s’appeler carrément les fentes, shocking au point que la BBC par exemple refusait de passer leurs titres pour ne pas avoir à dire le mot fente à l’antenne. Etre des femmes qui refusaient les codes, qui ne se rasaient pas les aisselles (sic) ou qui ne voulaient ni être sexy ni même suivre la mode ou les canons féminins quasi-obligatoires n’allait pas sans un prix à payer et le groupe, finalement, n’y résista pas. Le livre raconte non seulement leur histoire, souvent dans leurs propres mots car l’auteure, manifestement très fan, les a longuement interviewées, mais réussit aussi au passage à faire vraiment revivre de l’intérieur l’esprit punk et l’ambiance finalement assez bon-enfant de ces années-là.
Zoë Howe – The Slits, Typical Girls? chronique Sylvaïn Nicolino, Obsküre Magazine, juillet 2017
Zoë Howe – The Slits, Typical Girls?
par Sylvaïn Nicolino , 04 juillet 2017, Obsküre Magazine
Dans cette biographie enrichie de nombreuses interviews très bien découpées, l’importance des Slits, groupe de la première vague punk, est habilement démontrée, page après page. L’auteur Zoë Howe respecte fidèlement l’énergie et la particularité du groupe. Elle évite tous les pièges tendus : C’est quoi le punk ? C’est quoi le féminisme ? C’était comment Londres en 1976 ? Le music-business alternatif était-il mieux à cette époque ? Qui du Clash ou des Pistols a le plus marqué la musique ? Qui est devenu célèbre et à quel prix ? Doit-on pleurer ou sourire ? Qu’est-ce que ça signifie être grand public ?
Elles sont légions les questions que les Slits ont fait naître en quelques années seulement. Les réponses de Zoë sont dressées avec patience, laissant le champ libre aux interprétations, évitant le cadre rigide des réponses binaires.
Elle ouvre son livre avec une chronologie de l’histoire anglaise du temps des Slits, à savoir 1976-1981. C’est intelligent, car en quelques pages Zoë situe les contextes musical, politique, culturel et social de l’île et de ses habitants. Par exemple, il est primordial de savoir que ce n’est qu’en 1972 qu’avait été votée l’égalité des salaires hommes-femmes.
Dans les dernières pages ou presque, Zoë place une affirmation de la chanteuse Ari Up, maintes fois démontrée au cours des 322 feuillets qui composent le livre :
« C’était une trilogie – la naissance du reggae, la naissance du punk, la naissance du hip-hop, la Jamaïque, Londres et New York (…) il y a une solide connexion. »
On a ensuite droit à la traditionnelle discographie et la bibliographie érudite et souriante.
Entre les deux, rien n’est oublié : on a aussi bien les structures familiales de tous les protagonistes, leurs parcours musicaux avant, en parallèle, et après les Slits, les copains influents, les amis, l’entourage (le Pop Group, par exemple) qui ont permis cette éclosion lente et irrépressible. Chacun.e des membres des Slits était important.e, sa singularité composant avec celles des autres. On ne cesse, grâce aux visuels, de revivre les mois où Palmolive infusait sa culture hispanique, où Budgie lançait ses rythmes étranges, où Tessa manipulait sa basse comme une arme de persuasion massive, où Ari défiait le monde du haut de ses quatorze ans si fous et si assurés à la fois… Viv Albertine use sa mémoire en anecdotes précieuses et en exposant ses sentiments sur ces années si riches pour tou.te.s. L’iconographie met en valeur les looks travaillés des Slits, qui leur vaudront la reconnaissance des Madonna, Lily Allen et autres Chicks On Speed.
Londres vit alors par ses quartiers hindous, ses bars gays, ses disques reggae diffusés en 1976 puisqu’aucun disque punk n’était alors sorti et qu’il fallait bien passer de la musique entre les concerts. Les premiers punks ne sont pas les affreux jobards tant décriés, mais des jeunes gens, artistes dans l’âme, rebelles et souriants. Bob Marley vient y frotter ses dreads, attiré par les punky reggae party, s’offusque de la possibilité que des femmes se lancent dans une fusion rastafarisme-punk. Les membres de Clash se font philanthropes, Sid Vicious souffre du regard acéré que les femmes posent sur lui et sur son attitude si affreusement sexiste : provocation punk ou tout bonnement reflet lucide et sincère de celles qui l’avaient côtoyé ?
D’autres sont ramenés à leur place décisive : Keith Levene, les garçons du Clash, le label Island Records (lequel sortira aussi Tom Waits, autre dissident notable), Louisa Marks et son apport au Lovers Rock, Adrian Sherwood dont la pertinence a fait l’objet d’une double rétrospective l’an dernier, Neneh Cherry, Dennis Bovell et son écoute constructive, même Siouxsie Sioux dans ce qui a pu la différencier des Slits, ce groupe passé dans l’ombre de celle qui bouffa les appareils photos des journalistes avides de sensations plus facilement digérées…
Les Slits ont marqué leur époque et ceux et celles qui les ont croisé.e.s, certes parce qu’elles étaient des filles-femmes dans un monde de brutes, mais surtout – et c’est là qu’est la force de ce livre – parce que les Slits étaient un putain de bon groupe. Pas de stars dans les Slits, tou.te.s ayant eu un rôle moteur. Les nombreuses photos issues de collections privées illustrent et racontent la carrière, mais, en dépassant le cadre strict de 1981, elles éclairent sur les vies individuelles, les personnalités. Les regards de Tessa sur cette Odyssée au sens propre, sans île où atterrir si ce n’est celle des besoins de chacun.e.s, la grossesse et la mort récente d’Ari, le départ de Palmolive qui rejoint les Raincoats : voir ce que chacun.e est devenu.e, c’est une bouffée d’espoir qui vivifie, malgré la séparation et avant la reformation des années 2000. Ajoutons aussi que plusieurs membres des Slits ont été végétarien.ne.s dès cette aube des années 80.
Le féminisme est approché avec des nuances toutes libertaires, les protagonistes refusant l’étiquetage, quel qu’il soit, comprenant les luttes des femmes et y participant par leur rôle leader (combien de fois n’a-t-on pas cité cette influence dans les milieux rock depuis les années 80 ?), accusant les coups de couteau réels ou figurés reçus tout au long de leur courte et courageuse carrière, tout en rejetant le communautarisme et le jeu des cases que pouvait être l’affabulation d’un logo « Women in rock ». Un groupe également capable de craquer tout l’argent débloqué par leur label pour assurer à leurs invités des conditions de tournée optimales…
Leur disque Cut est présenté plage par plage, incluant les séances d’enregistrement au cottage de Ridge Farm, avec en bonus des informations rares sur les messages et astuces cachées dans les pistes. Les trois Peel Sessions et le reste de la discographie bénéficient de la même attention, poussant à s’accaparer l’ensemble des disques des Slits ou de leurs participations aux disques des autres.
Tout est fait pour transmettre pleinement ce qui fut leur force. Une action restée intacte dans cette façon d’être complètement maître de son art, d’oser avancer et se métamorphoser incessamment, d’être en première ligne, sans y penser, précurseurs tout en édifiant des partitions complexes et imprégné.e.s de leur époque au point que les Slits ont résisté au passage du temps. C’était ça le punk, cette liberté intransigeante comme un bras d’honneur adressé à soi et aux autres. En avant toute !
Un fabuleux livre de plus pour Rytrut.
RYTRUT, ISBN 978-2-9546441-3-4
Auteure : Zoë Howe
Traduction : Ladzi Galaï, Lydie Barbarian
Format 15 x 21 cm, 324 pages,
Inclut 72 photos, 1 marque-page
et trois badges si vous achetez sur le site de l’éditeur
« Soyez sociable, partagez ! »
Typical Girls? L’histoire des Slits, Zoë Howe, article Jean Rouzaud, Nova Planet, juin 2017 de la 1re édition
Les Slits, Sex Pistols au féminin ?
Punk Girl Power
Lundi 12 juin 2017 par Jean Rouzaud, Nova Planet
Qui se souvient des Slits ? Et de la pochette de leur album Cut où elles se tiennent nues, couvertes de boue, échevelées et finalement natures…
Cet invraisemblable groupe de filles, issues du Punk, a une carrière aussi hirsute que l’allure de ses membres, présentant les mêmes dents de scie que l’époque : car on oublie que 77 fut l’année du Punk, mais aussi du Disco, du Reggae, du Funk, du Latino, sans oublier la World avec en prime des effluves de Jazz…
Bousculade au portillon des « charts », bagarres de « hits », mais aussi une course au positionnement, à l’image, au quand dira-t-on sur les frasques de ces musiciens débridés, jouant fort et vite sans avoir appris le solfège.
Vers 1976, quatre anglaises se retrouvent réunies en un groupe qui deviendra vite les Slits (fentes), se voulant le pendant féminin des Pistols.
Sur leur berceau se penchent quelques fées : La mère de l’une d’entre elles, Nora Forster, pro du Rock (et future madame Rotten), puis Mick Jones (des Clash), Keith Levene (futur PIL), Don Letts (DJ du Roxy), Vivien Goldman (auteure au NME puis Actuel), ou encore Denis Bovell (producteur jamaïcain) etc.
Beaucoup de monde autour de ce qui va devenir un groupe expérimental, provocateur, Punk à bannière féministe hippy (ancêtre du Girl power), une sorte d’outsider face à Siouxsie (and the Banshees) ou à Blondie (Debbie Harry), et dont la géométrie variable va faire des étincelles.
Finalement ce sera en 77 : Palmolive, Ari Up, Viv Albertine et Tessa Pollitt, des pseudos bizarrement stylés (dans l’esprit de Poly Styrene du groupe X-Ray Spex, même époque), et donc quatre filles délurées, assez agitées pour ne pas dire intenables, qui vont commencer à tourner. Galères, bagarres et valse de maisons de disques puis même de musiciens.
Ainsi Don Cherry et sa fille Neneh, se joindront à certaines périodes, ainsi que des garçons attirés par ce gynécée speedé. Bien sûr l’avant-gardisme n’est pas vraiment commercial, le showbiz est plein de pièges et ces garçonnes ne jouent pas la corde sexy, ni fashion (elles sont au-delà !)
Par exemple Palmolive est une batteuse sur-énergique, issue du groupe mythique Flowers Of Romance où elle frappait en compagnie de Sid Vicious, Viv Albertine et les fiancées de Steve Jones et Paul Cook des Pistols) : Jo Faull et Sarah Hall.
Elles sont au cœur du cyclone Punk, fans de théâtre, de voyage, de Jazz ou de musiques primitives, de shamanisme ou de révolution, vivant en Squats, expérimentant dans leur vie toutes ces directions, dans un nuage de Reggae et de spliffs… Bien plus tard, j’ai rencontré Ari Up, dans un dancehall à Kingston en Jamaïque, avec des dreads énormes, gesticulant dans la foule, vêtue d’une mini et d’une brassière assorties rouge vert jaune, danseuse typique de l’époque slackness…et respectée par la faune impossible du Stonelove sound system.
Les Slits vont vivre à 100 à l’heure, secouées par les modes, réussissant quatre albums, bataillant avec le chauvinisme mâle, ou Anglais, ou show biz, ou même social…trop de combats pour quatre filles typiques de l’époque (« Typical Girls », un de leurs hymnes), mais vont surtout marquer d’une pierre rouge le Rock féminin, avec un style relâché et nerveux à la fois, dissonant et frais, ambitieux et ouvert au monde.
Il y aura des enfants, des pauses repos, des dispersions et même des come-back reformations dans les années 2000 (Ari est décédée en 2010…)
Il vaut mieux avoir entendu les Slits dans sa vie, faute de les avoir vu. Elles ont marqué le Rock féminin, et continuent de faire des émules, en mémoire de leur éthique large, libre, irrespectueuse, anti cliché, et qui serait toujours en avance aujourd’hui.
Typical Girls ? L’histoire des Slits, de Zoë Howe, Rytrut Editions, 320 pages, 21 euros, illustré de photos noir et blanc.
Typical Girls ? L’histoire des Slits, Zoë Howe, six chroniques de la 1re édition
« Typical Girls ? L’histoire des Slits »
de Zoë Howe, Rytrut éditions, avril 2017
Seconde édition – DISPONIBLE
RYTRUT, ISBN 978-2-46441-3-4
Ci-dessous :
6 chroniques de la 1re édition :
L’Hirsute – Fanzine en papier virtuel : 03/11/2015
« Les filles atypiques – l’histoire des SLITS » – Zoë Howe – RYTRUT Editions
Le 16 mai 1976 au concert de PATTI SMITH (Au Roundhouse, à Camden, Londres), Ariane Foster (alias ARI UP), sa mère Nora, Paloma Romero (Palmolive) et Kate Corris sont dans le public. Paloma et Kate désire monter un groupe exclusivement féminin, c’est en entendant hurler cette gamine de 14 ans qu’elles proposent à Ariane de monter un groupe. Dés le lendemain elles commencent à répéter ! La première mouture des SLITS est bien là ! Vous l’aurez compris, cet ouvrage a pour épine dorsale, l’histoire chronologique du groupe THE SLITS. Mais plus que cela c’est aussi un témoignage du mouvement « Punk » qui débarquera en 1976 en Angleterre et d’une bande de gamins et gamines qui attendaient cet ouragan avec impatience, pour différentes raisons. Que ce soit pour donner un souffle nouveau à la musique en vogue à l’époque, mais aussi pour donner aussi la possibilité aux femmes de s’évader du rôle auxquels elles étaient cantonnées jusque là : « Il y avait un vide culturel. Le monde était très ennuyeux à l’époque et bien que les femmes aient obtenu l’égalité de salaire en 1972, le rôle des femmes n’avait toujours pas changé : il fallait se marier, avoir des enfants et être une femme au foyer. Si vous étiez suffisamment intelligente, vous pouviez devenir professeure ou autre. Je ne me sentais pas vraiment concernée. J’ai vécu ma vie suivant une éthique Punk . Sans que personne ne me dise ce que cela signifiait, j’avais décidé que TOUT ETAIT POSSIBLE, et je n’allais certainement pas suivre le même chemin que ma mère, assurément. […] Je me disais qu’il qu’il devait y avoir d’autres choix pour moi. Au milieu des seventies, j’ai fait les beaux-arts, et ce fut une de mes issues. Quand est arrivé le Punk en 1976, je suis venue à Londres. Cette nouvelle tendance était tellement dynamique et anti-establishment…Que je n’ai eu aucun mal à m’y identifier, de toute façon. » (Christine Robertson, qui fût manager des SLITS). TOUT ETAIT POSSIBLE, et il ne fallait pas passer à côté, comme le dit Viv Albertine : « Je n’avais encore jamais joué d’un instrument, mais je m’en foutais, rien n’avait d’importance. Et soudainement, il y a eu cette petite brèche, une porte ouverte pour une période très courte, et vous ne pouviez que vous y engouffrer ». C’est donc ce que firent les SLITS, soutenues par leurs « potes » ou « petits amis » de l’époque : Mick Jones, Joe Strummer, Paul Cook, Keith Levene, Don Letts… ceux qui firent partie de la « famille des SLITS ». d’une attitude et d’un son Punk, les SLITS s’orientèrent vers de nouveaux horizons musicaux (Post-Punk, Dub, Jazz, Funk, Hip-Hop) sans faire dans le complaisant et en restant intransigeante quand à leur liberté de se réaliser, de s’exprimer, de s’habiller. Ce n’est que lorsqu’elles auront décidées du moment et à leurs conditions qu’elles accepteront de sortir leur album « Cut » chez Island, en 1979 (produit par Dennis Bovell). Rien n’a été facile pour les SLITS, rien ne leur a été épargné : Leur nom (THE SLITS) remplacé par celui des JAM dans le titre « Punky reggae party » lorsque Bob Marley apprend qu’il s’agit d’un groupe de filles, des agressions physiques ou verbales dans les transports en commun, l’incompréhension quasi-générale devant la pochette de leur album « Cut » qui choquera une grande partie de la population anglaise… Mais elles ont réussi à tenir parce qu’ elles faisaient bloc ! « Elles ont dû supporter beaucoup de conneries, des gens qui les agressaient dans la rue et leur lançaient des injures, c’étaient les sorcières de WEST LONDON. Elles ne correspondaient pas au stéréotype féminin conventionnel, mais c’était leur force. Ça ne les intéressait pas de porter les vêtements conçus pour les filles à l’époque. Elles disaient : « Nous ferons ce qu’il nous plaît. Nous déciderons comment nous voulons vivre et comment nous voulons nous habiller » » (Don Letts). Cet ouvrage ne s’adresse pas qu’aux « fans » des SLITS, il nous décrit l’univers de femmes qui vécurent des moments difficiles, mais aussi (et heureusement) des moments merveilleux et inoubliables de 1976 à 1982, puis au début des années 2000 avec quelques reformations des SLITS au line-up variés. Bien loin du star système, les SLITS n’ont pas faillies à leur principe premier : « NOUS DECIDERONS COMMENT NOUS VOULONS VIVRE ».
(John Hirsute)
Master Roy, INTRAMUROS #386, Toulouse, décembre 2013 :
« Les Filles Atypiques – L’Histoire des Slits »
Zoë Howe
« Un ouvrage consacré à un groupe fort peu connu, des filles reggae-punk qui à la fin des années 70 ont marqué la planète musique avec des singles et un premier album (‘Cut’, paru en 1979 chez Island devenu aujourd’hui culte) produit par le bassiste reggae-dub Dennis Bovell (futur LKJ). Des féministes avant l’heure, rebelles et grandes gueules (leur patronyme signifiant littéralement ‘Les Fentes’) amenées dreadlocks en avant par une chanteuse charismatique. Belle-fille de John Lydon (Johnny Rotten) emportée en 2010 par un cancer. The Slits dont le premier manageur fur Don Letts (icône du reggae-punk qui a suivi les Clash et fait partie du groupe Big Audio Dynamite) et dont le mentor était le bassiste de PiL Keith Levene… Des ‘Typical Girls’ qui furent ‘a place to be’ à une époque où la musique se réinventait et où l’on osait tous les mixages. Autant dire que ce bouquin fait office de livre d’histoire, truffé qu’il est d’anecdotes, d’interviews et de photos. Une biographie qui ne s’adresse pas qu’aux aficionados mais également aux mélomanes en herbe ! »
ZOË HOWE « LES FILLES ATYPIQUES: L’HISTOIRE DES SLITS »
THE SAD PLACE, webzine, 1er août 2013 :
« Obscure groupe punk féminin oublié pour les uns, totalement culte pour les autres, The Slits méritaient bien une biographie à leur gloire. Quatuor totalement en avance sur son temps, Ari Up, Palmolive (qui quittera le groupe assez tôt pour aller fonder The Raincoats), Tessa Pollitt et Viv Albertine furent les instigatrices du rapprochement entre le punk et le dub qui allèrent inspirer The Clash, Public Image Limited ou encore Big Audio Dynamite et quelques autres. Menées par une furie d’à peine quinze ans (Ari Up) qui révolutionna le concept de chanteuse sans voix mais avec une énorme personnalité, ouvrant la voie à des milliers de vocations (le livre lui est d’ailleurs dédié, Ari Up étant décédée brutalement d’un cancer à l’âge de 48 ans en octobre 2010), The Slits demeurèrent en accord avec leurs principes, vivant dans des squats, dormant dans des vans et dépensant l’avance de leur maison de disques pour faire venir des artistes adorés pour tourner en leur compagnie (parmi eux Don Cherry, jazzman génial et beau-père de Neneh Cherry qui deviendra membre des Slits avant de devenir la pop-soul star que l’on sait une décennie plus tard). On leur doit une poignée d’albums fondateurs, dans lesquels trois enregistrements studios (dont le cultissime ’’Cut’’ et sa pochette tribale qui fit scandale à sa sortie, ’’Return Of The Giant Slits’’ et l’inattendu ’’Trapped Animal’’ sortit en 2009). En plus de ces trois disques, on retiendra surtout leur deux ’’Peel Sessions’’ qui laissent entendre un groupe sans limite artistique. Soutenues par des membres des Clash, Joe Strummer et Mick Jones en tête, ces filles atypiques laissent derrière elles un héritage aussi important que bref, quelques vidéos d’époque que l’on ira mater en boucle sur YouTube et une discographie qui s’écoute en moins de deux heures. Mais surtout, on retiendra le souvenir de femmes fortes qui représentaient la première vague émancipée, ouvrant le passage à toutes les Madonna et Courtney Love à venir. Définitivement pas des ’’Typical Girls’’ comme le prouve cette bio absolument indispensable que l’on dévore du début à la fin en se mordant les doigts de ne pas avoir vécu cette époque, se sentant comme des putain de bourgeois en somme. »
Zoë Howe – Les Filles Atypiques : L’Histoire des Slits
DAILY ROCK #69, Genève, 27 septembre 2013 :
« Obscure groupe punk féminin oublié pour les uns, totalement culte pour les autres, The Slits méritaient bien une biographie à leur gloire. Quatuor totalement en avance sur son temps, Ari Up, Palmolive, Tessa Pollitt et Viv Albertine furent les instigatrices du rapprochement entre le punk et le dub qui allèrent inspirer The Clash, Public Image Limited ou encore Big Audio Dynamite et quelques autres. Menées par une furie d’à peine quinze ans (Ari Up), The Slits demeurèrent en accord avec leurs principes, vivant dans des squats, dormant dans des vans et dépensant l’avance de leur maison de disques pour faire venir des artistes adorés pour tourner en leur compagnie. Définitivement pas des ‘Typical Girls’ comme le prouve cette bio indispensable. »
Noël Lopez, MONTICULE MUSIQUE, 25 septembre 2013 :
HOWE, Zoë : L’Histoire des Slits : Les Filles Atypiques
The Slits (« les fentes » en anglais) est un des premiers groupes de punk rock féminin formé en 1976. Considérées comme des pionnières, elles furent sûrement parmi les premières musiciennes rock à s’affirmer avec autant d’énergie et de personnalité. Le groupe fondateur est constitué de Ari-Up au chant, Kate Korus à la guitare, Palmolive à la batterie et Suzi « Gutsy » Webb à la basse. Un an plus tard, en 1977, Viv Albertine et Tessa Pollitt prennent le relais, puis le batteur Budgie en 1978. Elles ont fait un retour magnifique avec un nouvel album intitulé « Trapped Animal », sorti en octobre 2009. « On ne dira jamais assez de bien de ces filles rebelles et inventives, totalement en avance sur leur époque et qui ont tout osé… Petites sœurs des Clash, à redécouvrir d’urgence » (Rock & Folk, juillet 2013) »
Rytrut éditions, 2013. ISBN 978-2-9520083-8-9. 26 euros
RANX ZE VOX blog, 1er août 2013 :
Les SLiTs !
Des FiLLes vach’teMenT ATypiques
Enfin un bouquin sur les Slits, pas sur un groupe de filles dans le Punk ou le Rock, pas un Girls Band, pas une équipe de féministes énervées non, juste un groupe de Rock, avec des filles dedans !
Comment et pourquoi les Slits ont été un groupe important, et même plus qu’important, même si pratiquement jamais cité !!
Sans aucun doute le groupe le plus Punk avec les Subway Sect ou Alternative TV jamais mit en place, aucun rapproch’ment avec l’univers du Rock’n’Roll, aucunes références, à rien, juste faire un truc, le leur.
1976/77, une toute petite fenêtre, impossible 10 ans avant et déjà plus possib’ deux ans après. Un groupe monté de bric et de broc, d’envie.
La musique, un truc secondaire, juste une attitude mais pas un de ces trucs déjà très vite rangés dans des cases. Les Slits n’étaient pas un groupe de « Féministes » avec le mode d’emploi de la révolution des foufounes et de la rhétorique de vilaines saucisses qu’ont que’que chose a prouver, juste une bande de nanas qu’avait surtout pas envie de vivre la vie, chiante à crever, d’leur mère ou d’la voisine de palier.
Pas envie d’attend’, se faire marier et une l’éternité à ruminer.
Si les yankees Runaways étaient là avant, elles jouaient dans le près carré des lascars, guitares entre les g’noux, moue de filles à soldats et sans doute bien plus de couilles que l’grateu d’van halen, les Slits elles, ont achetés leur harpent d’terre et l’on travaillé, à la corne.
Pas de Cindy Lauper, Annabella Lwin, t’être même de Madonna et autres suiveuses sans que ces quatre chipies ne décident un jour, non pas de jouer, mais d’utiliser un instrument, de musique, qu’on s’entende !!
Si la furia de 77 a révélée un paquet d’individus et de groupes offrant aut’ chose qu’un fond sonore pour Aujourd’hui Madame, les Slits qui étaient dans la motrice se sont toujours retrouvées recalées dans le wagon d’queue.
Correction Train !
L’album Cut ne sort qu’en 79, éclair de génie, non pas musical, bien que perso j’adore, non celui de ne pas avoir cédé, ne pas avoir sorti un single ou même un album de plus qui resterait aujourd’hui dans le bac Punk–Rock immatriculé 77, tranche de nostalgie pour ceux qui y étaient, et pire encore pour ceux qui en rêve.
Les Slits c’est en fait deux histoires.
Une qui pause 4 nanas biens énervées, bien que joyeuses déconneuses, relativ’ment incapab’ de jouer d’un instrument mais avec une Revendication, Exister, elles et par elles même, modèle 76 avec le Punk, c’était tout à fait possible.
La seconde, serait l’histoire de ces 4 nanas, déjà plus tout à fait les mêmes, et oui on est maint’nant en 77, qui vont s’extirper de ce magma tout foutraque en créant leur son, leur monde.
Un Joe Jackson ou les Pogues l’ont fait, les Specials ou Dexys Midnight Runners aussi, et je les en remercie au passage mais qui a pensé a remercier les Slits pour l’énorme contribution au monde de la musique qu’on a écouté au long des années 80 et 90 ?
On aurait pu avoir un groupe de filles jouant du Rock Lourd ou du Ska, un Girls Band de gentilles andouilles aux formes avantageuses surinant les ondes des radios FM avec leur sirop de sucre fondu, non, on est tombé sur un nid d’sorcières braillardes nous fabriquant moult décoctions avec du Rock, du Reggae, du Jazz plutôt vachement Free, des tempos qui ne tiennent pas sur du 4 temps, des ambiances Africano-Londoniennes et une palanquée de hululements à faire frémir un banc d’chouettes !
Si l’est devenu très vite concevable qu’un groupe de Punk-Rock joue occasionnel’ment des morceaux de Reggae, la formule des Slits à partir de 77 travaille de plus en plus sur l’Up Tempo, ralentissant généreusement leurs morceaux, proposant ainsi des espaces à leur toute jeune chanteuse, Ari Up, qui vocalise à qui mieux-mieux et invente par là même Bjork, ben ouais, fallait l’dire !!
Le travail avec Dennis Bovell sur Cut reste remarquable, les filles n’y produisent pas un Rock Reggae sirupeu/Police-isé mais un savoureux mélange des genres. Ne gardant du Punk–Rock que le coté Individualiste, s’affirmant comme des femmes libres de toutes entraves Rock‘n’Rollesques, masculines, ne jouant qu’avec leurs propres règles du jeu et surtout de la conduite. Les toujours trop brèves séquences filmées à cette époque par notre si cher et précieux Don Letts nous le confirmes.
L’engagement « féministe » des Slits s’arrêtera là, penser et faire par elle même, ce qui ne les empêchera pas d’avoir, depuis le départ de Palmolive, un batteur masculin et même un producteur sinon rasta, en tout cas emprunt d’une culture où la femme est fermement réclamée en cuisine. La petite anecdote sur la « rencontre » Marley / Slits en raconte si long…
Précurseuses, inventives, pas plus intéressées qu’ça d’êt’ un groupe de Punk, de Rock, de Reggae ou de variétoche de plus, juste faire leur truc, mixture pas possible sortie du gros chaudron qu’était Londres à cette époque, mélange des genres, les basses aussi rondes qu’énorme du Reggae et des Sound Systems qui se multiplies en ville, des guitares elles très nouillaves, acérées et une batterie complètement bancale, minimale, plus proche des tambours de l’Afrique. Comme Public Image, comme Basement 5, comme encore d’autres qui se lanceront à leur tour, World Music & Fusion, et feront oublier ceux et celles qui étaient là à la base du truc pop over to these guys. Comme d’hab, ceux qui initient l’bazar sont rarement ceux qui en tirent que’que chose, Same Player Shoot Again …
La parenthèse du Punk trop vite refermée, les Slits sont déjà hors jeu lors de la sortie de Cut, un très bon disque vraiment, avec une pochette hum…resplendissante, en tout cas vite rétrogradé par la presse tant papier que radio, par des Cindy Lauper et autre Kim Wilde, à la fantaisie bien plus malléable ou la plastique vachement plus … irréprochab’.
Il ne reste au groupe, et la c’est dommage, immatriculé Punk-Rock, que cette frange cloutée iroquoise méchamment à chien qui fera les beaux jours d’Anagram Records et qui n’avait absolument rien à foutre des premiers groupes de 77, jugés vendus et poseurs sur fond de Pop. Les tirades d’un Jimmy Pursey dans le NME à propos notamment du Clash sont plus qu’éloquentes, ni, et j’en reviens, sic, au (mauvais) goût de mes punks à chien, à un quelconque brassage de musique comme d’identité.
Pour le début des années 80 coté aventureux, même si il a légion de groupes super intéressants, le portail doucement se ferme. Plus de place pour ce qui ne tiendrait pas dans un Top of the Pops tout propret, surtout pas de revendications, et, grand malheur, c’est au bout d’une vilaine ballade avec la dope que s’efface des types comme Malcolm Owen, emportant avec lui tous les espoirs chaudement contenus dans les Ruts, une moitié des Pretenders et j’en passe.
1981, nos bruyantes amazones enregistrent un second LP, The Return of the Giants Slits, qui sortira en 82 sans le moindre intérêt ni des médias ni du public. Un album bien trop calme pour nos joyeuses sorcières, oscillant entre chants malpoli-phoniques et transe Africaine, un drôle de cocktail très avant garde, celui-là même qui fera bouger le monde 10 ans plus tard sous le nom de World Music.
Les filles, désolé pour le/les batteurs, se trouveront renforcées d’une cinquième énervée en la présence de Neneh Cherry, belle fille du trompettiste de Jazz Don Cherry présent sur l’enregistrement et une tournée.
1982, exit les Slits. Ari Up reformera le groupe, différemment et elles enregistreront même un album en 2009, mais c’est déjà une autre histoire.
Coté discographie, il existe 3 Peel Sessions, des enregistrements de 77, 78 et 1981, très mal distribués et salement bidouillés sur les éditions cd ainsi que quelques très bon Bootlegs, Girls Next Door est terrib’ !!
A l’opposé de la trop brève carrière du groupe, sa séparation s’est faite sans étincelle. Après avoir horrifiées, remuées, fatiguées la vieille Angleterre, les promoteurs, les managers et autres maisons de disques, c’est un groupe un peu las qui rend les armes. Comme d’autres, cinq ans à se vivre dessus, à partager le bon comme la galère, l’incompréhension, la fatigue et avec l’âge des envies d’changer d’air, nouvelles opportunités, sans faire de bruit, sans avoir besoin de faire de longs discours, d’un regard se comprendre, « je s’rais pas à la prochaine répèt », nous non plus et zip it up, les teignes sont entrées dans l’histoire.
Je voudrais en remettre une couche sur la Production du premier album assurée par Dennis Bovell, sur le type en tout cas. Déjà un producteur reconnu même si de Lover’s Rock et musicien notamment avec Matumbi et avec LKJ, ce type d’une culture total’ment différente qui se trempe, excuser le jeu d’mot, avec les Slits, les Fentes, un groupe de Femelles Vociférantes toutes Punk, un groupe qui ne risquait ni de lui ramener Fortune ou célébrité.
Je tiens à en rajouter parce que je sais très bien que tout ceux qui ont un jour ou l’aut’ scotchés sur le Punk-Rock connaissent tous Linton Kwesi Johnson, tout comme je le sais et depuis vraiment trop long de temps, les amateurs de Jamaïcannerie, qu’elles soient Roots, Rub a Dub, Ragga DanceHall n’ont absolument rien à foutre ni de l’histoire ni de ceux qui l’ont fait, donc toujours un point commun avec les à chiens d’aujourd’hui.
Rappel à quel point des types comme Don Letts, Dennis Bovell, Dennis Morris sont, étaient eux aussi, des traits d’union plus qu’important. Après tout si j’avais pu me faire produire un titre en 77 par Lee Perry, c’est pas Complete Control que j’aurais Choisi !
Si les Slits sont passées telles des comètes pétaradantes, sans être plus ou mieux reconnues qu’ça, c’est au travers d’aut’ groupes que leur impact fait écho. Siouxsie et ses banchés et Poly-styrene avec X Ray Spex ou Gaye Advert à la basse des Adverts dès 76, des femmes impliquées, pas juste de joly minois pour faire frémir les pré-pubères. Nina Hagen, très pote avec Ari Up, The Raincoats avec Palmolive après son départ des Slits et The Mo-Dettes avec Kate Korus, première gratte des Slits too. Les Bodysnatchers et Pauline Black des Selecters pour la bande à Two Tone.
N’en pas douter, des chanteuses telles Sinead O’Connor ou Annie Lennox, de l’aut’ folle de Deee-Lite à Lily Allen ont toutes un tribu à rincer aux Slits.
Avec le départ d’Ari Up en 2010, pour une autre scène, toutes idées de revoir un jour les Slits est perdue, tant mieux, rien à foutre de Rolling Slits et je suis sûr d’une chose, comme elle l’a toujours fait, toujours été, la Miss Ari Up doit en faire voir de toutes les couleurs au chef d’orchestre, Original Germa-ïcaine Bad Gal !!
Les Filles Atypiques de Zoë Howe aux éditions Rytrut, à lire, vraiment.
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Aujourd’hui la parité homme femme est inscrite dans la loi, journal officiel et toute ces conneries, Les Slits à grand coup d’accords & miaul’ments sal’ment dissonants l’ont mise à jour dans le Rock, mais ça c’était avant !!
Interview de Zoë Howe, Typical Girls? The Story of The Slits, par Alex Herod, For Book’s Sake, novembre 2010
TYPICAL GIRLS ? L’histoire des SLITS
ZOË HOWE
FOR BOOK’S SAKE, 5 novembre 2010 :
LIT AT DAY FEST par Alex Herod
(Article traduit de l’anglais par Paul Vincent)
Littérature à la dixième édition du Ladyfest : entretien avec Zoë Howe
Vous vous souvenez peut-être de notre chronique de son livre How’s Your Dad? – Living in the Shadow of a Rock Star Parent. Eh bien, nous avons rencontré son auteure, Zoë Howe, pour lui poser quelques questions avant son apparition au dixième Ladyfest.
Parlez-nous de vous et de votre travail ?
J’écris des livres sur le rock ‘n’ roll, mon premier livre étant en sorte une lettre d’amour adressée aux merveilleuses et impressionnantes Slits (Typical Girls? The Story of The Slits, Omnibus Press). J’ai joué de la batterie et des percussions / chant avec Anne Pigalle et Viv Albertine, respectivement, et passé de la musique à la radio par l’entremise de chouettes endroits comme Resonance FM.
Que pouvons-nous attendre de votre intervention au Ladyfest dix ?
Je vais lire des passages de mon livre sur The Slits, Typical Girls ? – RIP Ari Up.
L’un des principaux objectifs de Lit at Ladyfest Ten est de promouvoir et de célébrer l’écriture féminine. Quels conseils donneriez-vous aux femmes pour qui il est difficile de trouver leur propre créneau ?
Je leur dirais : restez fidèles à vous-mêmes et à vos convictions, trouvez quelques inspirations béton (elles n’ont pas besoin de devenir des écrivaines et pourraient être comme n’importe quelle artiste libre d’esprit, indomptable et qui vous parle) et ne laissez personne essayer de saper votre confiance en ce que vous faites, subtilement ou autrement !
Il y a beaucoup de gens qui vont tenter d’être condescendants pour que vous restiez à votre place ou pour vous faire sentir que ce n’est pas votre rôle de dire ou de faire cela. Par conséquent, beaucoup d’entre nous sont amenés à vouloir plaire à tout le monde, cela peut prendre un certain temps pour se réaliser, mais c’est tellement nécessaire !
Le sexe n’a pas grand chose à voir avec cela si vous dépasser ce conditionnement, faites juste les choses en quoi vous croyez, riez des conneries et ne tombez pas dans le panneau !
Quelle a été votre expérience en tant que femme qui travaille dans votre domaine / dans l’industrie musicale ?
J’ai passé une période joyeuse à travailler dur, poursuivant mes rêves et puisant dans les inspirations – autant masculines que féminines – autour de moi quand j’ai besoin de force (The Slits, Keith Levene, Vivien Goldman, Gavin Martin, des gens fantastiques comme ça).
J’ai parfois été surprise de voir comment, même à notre époque, nous devons encore nous heurter à des attitudes auxquelles je fais allusion dans la question précédente. Il peut y avoir une version moins directe et plus insidieuse du machisme démodé qui resurgit, et les pourvoyeurs peuvent être autant du sexe masculin que du sexe féminin !
Il peut y avoir une sorte de compétitivité, et j’ai pu parfois me laisser prendre par cela, mais pour paraphraser une chose que Vivien Goldman m’a dite, il vaut mieux en rire, vous en moquer, pour garder toutes vos facultés et profiter de ce que vous faites ! Nous sommes là pour nous amuser après tout.
Quelle est l’importance du sexe, de la sexualité et du genre pour vous et votre écriture ?
C’est important, bien sûr, c’est toujours présent, et c’est important pour moi d’essayer de démystifier les attitudes enracinées et le conditionnement, même en nous-mêmes. Je travaille justement sur un projet de fiction qui se concentre là-dessus, avec humour et amour, mais il y a quand même des questions sérieuses.
Au fond de nous, je pense que nous savons que nous sommes les puissantes… c’est pourquoi à travers l’histoire, (certains) hommes ont essayé de nous maintenir opprimées !
Pour notre public qui ne pourrait ne pas se rendre au Ladyfest Ten, quels sont les auteures où les projets que vous leur conseillerez à la place ?
Tant de choses, l’incroyable Anne Pigalle, avec qui j’ai le privilège de jouer quelques parties de batterie sombre de cabaret pour des concerts (la prochaine date étant le 11.11.10, au Montmartre Bistro, Essex Road, London N1, non loin du Ladyfest).
Et The Slits, bien sûr, je collabore encore avec Viv Albertine musicalement, et The Raincoats font aussi des choses vraiment très intéressantes.
Je lis aussi beaucoup d’essais situationnistes, que je trouve fascinants, particulièrement du point de vue de la psychogéographie. Mon émission de radio sur Resonance FM était surtout consacrée à la musique régionale et à la psychogéographie, très intéressante, et plutôt mystique !
– Un grand merci à Zoë d’avoir répondu à nos questions. Elle lira des extraits de Typicla Girls ? Le dernier jour du Lit Ladyfest Ten, le dimanche 14 novembre.
Typical Girls? The Story of The Slits, Zoë Howe, article Slow Songs For Hearts, septembre 2010
TYPICAL GIRLS ? L’histoire des SLITS
ZOË HOWE
SLOW SONGS FOR HEARTS, 29 septembre 2010 :
Typical Girls? The Story of The Slits, Zoë Howe, par Melissa & Katie
(Article traduit de l’anglais par Paul Vincent)
Ça fait maintenant plusieurs années que j’écoute et apprécie The Slits, ayant découvert leur musique sur le tard, mais ça fait assez longtemps pour que leurs chansons aient imprégné mon corps. Vivant en Nouvelle-Zélande, leur musique convient parfaitement avec ce que j’ai retenu du mouvement riot grrrl punk / post-punk anglais et européen. Je savais qu’elles avaient eu de l’influence sur les riot grrrl et leur manque de reconnaissance m’a indignée, autant pendant « l’ère punk » qu’aujourd’hui. J’ai été tour à tour excitée, désorientée et intriguée par leur musique. J’ai plus aimé les Peel Sessions que Cut, mais j’ai très bien compris l’importance de cette album et le fait que The Slits aient déjoué les conventions du punk comme certains le considéraient, en forgeant leur propre style, étonnant et influent – sans oublier le fait qu’elles ont commencé comme un groupe punk composé uniquement de filles, qui écrivaient, jouaient et contrôlaient leur musique, et la chanteuse n’avait que 14 ans !
Cependant, ce n’est pas avant de déménager à Londres que tout cela m’a vraiment interpellée. Remarquez, je pourrais dire cela pour la plupart de la musique anglaise que j’ai vraiment écoutée. Cela ne veut ne pas dire que l’on peut trouver toute la musique que l’on désire dans un pays lointain comme la Nouvelle Zélande, tenant compte du « filtrage » de votre propre ville natale, mais je dois dire qu’il y a quelque chose de romantique (et d’impunément idéaliste et nostalgique, je l’admets). En regardant par la fenêtre de mon apart’ de North London, un gris dimanche après-midi d’automne, les briques et les tuyaux de cheminée, et les enfants qui jouent au milieu de la rue, à l’écoute du mélange des accents et des langues, voyant les corbeaux et les pigeons voltiger sur les toits, et ah… bien… maintenant, j’ai capté ce dont elles parlent.
“Newtown where everybody goes around sniffing televisena or taking footballina…” Se promener dans un quartier comme Brixton et entendre le reggae dans les rues, se mêlant avec le punk qui sort des squats. « Rêver dans un bus… » et voir des jeunes filles dures à cuire, qui parlent fort, portent des accoutrements dingues et ont une attitude provocante et décomplexée (cela arrive en Nouvelle-Zélande aussi, bien sûr, mais accents différents, contextes différents).
Le livre de Zoë Howe est autant une histoire complète et détaillée des Slits qu’un aperçu incroyable du Londres de la fin des années 1970 début des années 1980. Si vous vous sentez aussi romantique que je le suis à propos de Londres, je vous recommanderais ce livre, que vous connaissez ou ne connaissiez pas les Slits.
Curieusement, compte tenu du fait qu’elles aient été souvent citées par de nombreuses artistes d’aujourd’hui comme les ayant inspirées musicalement, politiquement et personnellement, c’est la première fois que The Slits ont un livre leur étant entièrement consacré. C’est particulièrement étrange, car elles sont tellement importantes et imbriquée dans l’histoire du punk rock, du post-punk et aussi de la formation du riot grrrl. Eh bien, j’espère que ce ne sera pas le dernier livre écrit à leur sujet, et je suis contente que Zoë ait posé la première pierre.
J’ai lu récemment Meaty, beaty, big and bouncy!: classic rock and pop writing from Elvis to Oasis, qui comprend des articles de rock critics comme Julie Burchill et Nick Kent. L’écriture de Zoë Howe n’a pas la personnalité douloureusement aiguisée de ces critiques, ce qui en fait une lecture facile, et vous ne vous sentez pas irritée par une opinion qu’on vous force à digérer. Mais en même temps, qui peut nier le plaisir acquis à la lecture d’un document de journalisme musical purement opiniâtre ? Qui n’aime pas sentir la passion brûler le long des pages ? J’aurais aimé en apprendre davantage sur la propre expérience de Zoë concernant son écoute de la musique des Slits, et connaître ses opinions sur différentes périodes de leur histoire, entendre davantage sa voix dans son écriture. Ce serait la seule critique me concernant.
Une des choses que j’ai le plus aimé dans le livre, c’est le fait qu’il donne l’occasion de découvrir ce que les autres musiciens pensaient de la musique des Slits. Jusqu’alors, même les articles « pro-Slits » que j’avais lus se concentraient sur d’autres aspects, tels que leurs singeries folles et l’horreur qu’elles suscitaient envers le grand public. Je n’avais lu que très occasionnellement des articles qui analysaient leur musique, car le plus souvent il était dit qu’elles ne savaient pas jouer. Des amis tels que Keith Levene (The Clash, PiL) et Don Letts, entre autres, donnent un aperçu des intentions musicales des Slits et analysent leur jeu – comme c’était la norme dans les articles écrits sur les musiciens masculins de l’époque, mais c’était plutôt rare, voir inexistant, en ce qui concerne The Slits. Par exemple, Levene y décrit ce qu’il pense du jeu de Viv Albertine, après lui avoir donné quelques leçons de guitare, et elle a ensuite fait son propre truc, expérimentant et créant un style qui lui est propre. Nous découvrons qu’Ari Up était musicienne avant de rejoindre The Slits, et qu’elle jouait du piano – c’en est assez de la définir comme une trublion en quête d’attention, comme les gens veulent vous le faire croire. Plus spécifiquement pour les fans, sont aussi révélés des détails tels que ce que ressentait Tessa en chantant Aventures Close to Home, sortant de son rôle de la bassiste silencieuse et mystérieuse.
Les connexions des Slits avec d’autres musiciennes de l’époque comme les Mo-dettes ou Nina Hagen sont aussi explorées.
Une véritable analyse de musiciennes punk – incroyable !
Bon d’accord, je vais arrêter de divaguer maintenant. Il s’agit d’un livre excellent et très tardif, sur un groupe extrêmement important qui a enfin obtenu une certaine reconnaissance.
Qui sommes-nous ?
Nous sommes Melissa et Katie. Nous sommes toutes deux de Nouvelle-Zélande, mais nous vivons éloignées maintenant, car Melissa s’est installée à Londres en 2008. Katie vit à Auckland.
Melissa tient une boutique queer / féministe basée en Nouvelle-Zélande, Cherry Bomb Comics avec Tui, bien qu’actuellement, c’est surtout Tui qui doit faire tout le travail. Melissa organise des concerts et des événements DIY à Londres et tiens une distro anglaise pour Cherry Bomb Comics. Elle est généralement obsédée par la bande dessinée, les disques et la faune anglaise (en particulier les renards et les hiboux) et elle a des projets d’écriture.
Katie aime faire des sites Web et d’autres trucs liés au design, et elle aime faire les choses en état d’ébriété, ce qui dérange probablement Melissa.
Dans notre blog, nous écrivons au sujet du (post-) punk, riot grrrl et ses successeurs, no wave, pop, de grandir avec le hip hop et tout autre genre qui éveille notre imagination (généralement DIY, avec des musiques à dominance queer et de filles). [Plus d’infos sur leur blog].
Interview de Zoë Howe, Typical Girls? The Story of The Slits, par Huw Nesbitt, The Quietus, juillet 2009
TYPICAL GIRLS ? L’histoire des SLITS
ZOË HOWE
THE QUIETUS, 1er Juillet 2009 :
L’auteure parle : Zoë Howe, à propos de L’HISTOIRE DES SLITS, par Huw Nesbitt
(Article traduit de l’anglais par Paul Vincent)
À la veille de la publication de sa biographie, Typical Girls? The Story of The Slits, l’écrivaine Zoë Howe s’interroge sur les motivations l’ayant poussée à écrire ce livre, comment elle a permis aux membres précédemment désenchantées de se réunir, et pourquoi l’héritage du groupe est toujours important aujourd’hui.
Ça faisait des siècles que j’attendais que quelqu’un écrive un livre sur The Slits. Au fond, je voulais l’écrire moi-même, mais je me disais que c’était probablement le travail de quelqu’un d’autre. J’adorais leur son et leurs looks étranges, amusants, expérimentaux, et j’ai été inspirée par les choses inhabituelles que j’avais lues dans une interview, comme leur refus de s’étiqueter « féministe », ou même « punk ». Je voulais en savoir plus, alors j’attendais qu’un livre soit écrit à leur sujet. Au bout d’un certain temps, je me suis dit : « Et puis merde, je vais le faire moi-même, dans le style punk DIY. »
Nous étions en 2006 et l’anniversaire des 30 ans de Cut approchait, ce qui m’a permis de m’imposer un délai ; un facteur important qui m’a incité à me lancer dans le projet. Initialement, il était prévu que le livre se concentre principalement sur cet album, avec une petite part de biographie placée dans le contexte. Mais plus je m’entretenais avec les gens – il en ressortait des histoires et des personnages formidables, des sentiments inexprimés jusqu’alors – plus le livre évoluait vers quelque chose qui serait une célébration et un tour d’horizon de leur carrière à cette époque punk/post-punk. Comme l’une des fondatrices des Slits et guitariste des Mo-Dettes, Kate Corris, le fait remarquer dans le livre, Cut marqua un tournant pour The Slits, et se concentrer uniquement sur cet album n’aurait pas fonctionné, car il y avait eu relativement peu d’écrits sur l’aventure du groupe. Je suis heureuse que les choses aient évolué ainsi. C’est devenu une étude plus complète des cinq années de dingues qu’ont vécues les Slits, fin des années 1970 et début des années 1980. Mais Cut reste encore au cœur de leur histoire.
Don Letts a été le premier à être interviewé. C’est un pote de longue date des Slits et l’homme qui a tenté de « manager l’ingérable » quand les Slits se sont jointes aux Clash sur la tournée White Riot. Alors comme il était là depuis le début, son point de vue était un excellent choix pour commencer. Il m’a ensuite présenté à Tessa Pollitt. Elle était timide mais positive, et elle est rapidement devenue comme la marraine magique et très proactive du projet. Et je lui en serais toujours reconnaissante. Elle a également été ouverte et sereine sur la période la plus sombre que The Slits ont vécue, y compris à propos d’une overdose et des problèmes qu’elle a eu avec l’héroïne.
J’ai rencontré Ari peu de temps après et, par un heureux hasard, elle était au Royaume-Uni pour une tournée solo avec The True Warriors. Elle était tout à la fois adorable, intimidante, tendue et méfiante. Ce qui était compréhensible. Elle m’a dit qu’elle aimerait aussi que j’organise une convention des Slits – comme une convention de Star Trek. J’ai plutôt aimé l’idée de voir rappliquer un tas de gens différents à l’air très sérieux, et au lieu de porter les oreilles de Spock et des accoutrements de Star Trek, ils seraient couverts de boue et auraient des chaussettes dans les cheveux. À l’avenir peut-être… Ari a donné une interview super, comprenant la triste histoire à propos de la façon dont Bob Marley avait d’abord encensé The Slits dans Punky Reggae Party, pour ensuite effacer leur nom quand il a appris que c’étaient des femmes.
Kate Corris, qui a formé le groupe avec Palmolive, offre un aperçu unique et éclatant dans la partie du livre qui raconte leurs débuts. Mais la guitariste qui l’a remplacée, Viv Albertine – que beaucoup finiront par acclamer comme la force motrice du groupe – était censé être celle qui ne voudrait pas participer à cette biographie. Quand Ari lui a demandé si elle voulait réformer le groupe, il y a plusieurs années, c’était hors de question pour Viv. Après les traumatismes qu’ont connus The Slits en essayant simplement de faire leur truc dans le monde des hommes, elle semblait vouloir laisser cela derrière elle. Mais j’ai dû la contacter au bon moment, et grâce à l’ancienne manageuse des Slits, Christine Robertson, une perle, j’allais bientôt manger des toasts et caresser le chat dans la maison en bord de mer de Viv. C’est tombé à la même période où elle a décidé, après toutes ces années, de recommencer à jouer et à écrire. Je l’ai remise en contact avec Tessa lors d’un concert de Carbon/Silicon au cœur de Ladbroke Grove, et elle a ensuite joué avec les « nouvelles » Slits pour deux concerts, avant de faire son truc solo, avec moi, en l’occurrence. Je suis la sorte de Vince Clarke avec un clavier et des instruments jouets, etc…
Il semble que le processus d’écriture de ce livre ait en partie motivé des personnes qui s’étaient brouillées, ou qui pensaient s’être brouillées, à reprendre contact. J’ai trouvé que c’était une belle chose : Viv qui reconnecte avec Ari et Tessa ; Ari qui reconnecte avec Poly Styrene ; Viv qui reconnecte avec Keith Levene et ainsi de suite. Tout cela était très excitant.
Tout a été positif dans le processus, à part quelques moments dingues. Mais à quoi pouvais-je m’attendre ? Il s’agissait des Slits, l’un des groupes les plus chaotiques d’une des scènes musicales les plus chaotiques. Il était concevable que cela puisse prendre parfois des proportions démesurées. Mais j’ai senti passionnément qu’elles méritaient plus de reconnaissance, car la plupart des gens n’ont que partiellement conscience de ce qu’ils ont réalisé.
Après l’écriture de ce livre, je me suis à nouveau inspirée d’elles et de leurs camarades, et j’espère que les gens qui le liront ressentiront le même effet motivant. Je ne dis pas que j’espère que vous allez toutes pisser sur scène pendant un concert, vous rouler nues dans des parterres de fleurs fraîchement arrosés ou forcément réarranger l’ameublement d’un hôtel, mais ne vous gênez pas si vous en avez envie. Mais leur force véritable réside dans leur liberté d’esprit, leur créativité et la détermination qu’elles mettaient pour suivre leur propre chemin et être elles-mêmes sans flatter leur idéaux. Elle essayaient de nouvelles choses avec courage, et joyeusement, avec humour et le sens de la fête, par opposition à la colère. La colère est une énergie, comme le dirait John Lydon, mais c’est rafraîchissant de voir aussi l’honnêteté, l’étrangeté et la pure joie que ces filles avaient en expérimentant musicalement sans peur du jugement – elles ont donné dans le free-jazz, l’improvisation, le funk, l’opéra allemand, et bien sûr le reggae et la musique africaine – et alors qu’elles s’essayaient, souvent naïvement, à mélanger ces influences à leur musique, le résultat donnait toujours un son authentique, qui sonnait souvent comme s’il provenait de l’espace autant que des rues de Londres.
Quand je me suis embarquée sur le sujet, je me suis demandée si j’allais finir par être saturée, mais maintenant, ayant un meilleur aperçu du groupe, je les trouvent encore plus intéressants et inspirantes que jamais – comme c’est le cas pour toutes les personnes avec qui j’ai pu m’entretenir. Même après cette période intense de travail, passée à vérifier, à angoisser, à en perte le sommeil, et des cheveux, je le crains, tous ces personnages donnent vie au livre en technicolor.
Keith Levene, d’ordinaire insaisissable, a été un interlocuteur généreux et éloquent, alimenté par le chocolat de la confiserie d’en-dessous (ils lui ont en donné un grand sac gratuitement – qui savait que les employés du Mrs Kibble’s Olde Sweet Shoppe étaient fans de PiL ?) et il a été d’un grand soutien tout au long de l’aventure, tout comme l’a été l’exubérante Professeure Punk, Vivien Goldman.
Adrian Sherwood a gentiment donné de son temps pour le livre, bien qu’il rentrait tout juste de voyage et qu’il était fatigué par le décalage horaire. J’ai même pu choper Budgie, grâce aux indications de Viv. J’avais déjà essayé de le contacter par l’intermédiaire de quelqu’un d’autre et j’avais fini par penser qu’il n’était pas intéressé. Il s’est avéré qu’il n’avait jamais reçu le message. Et c’est génial que nous ayons pu discuter, car même s’il avait la grippe, il a été un interlocuteur adorable. Et il a présenté un point vue différent, comme quelqu’un étant au départ une sorte de super-fan des Slits qui a fini par enrichir magnifiquement leur la musique de leur disque (sans doute) le plus important. Il a aussi raconté des anecdotes amusantes, comme quand il se retrouve avec les trois filles dans le même lit. On se calme, ce n’est pas ce que vous pensez.
J’ai eu la chance de pouvoir intégrer beaucoup de gens qui étaient impliqués avec The Slits : Dennis Bovell (qui aussi m’a appris comment faire cuire le fruit à pain), Palmolive et The Raincoats qui ont toutes été formidables. Pas tout le monde n’a cependant été amical. Une écrivaine que je respectais énormément a annulé notre entretient, en me cataloguant de « vulgaire sexiste » à la vue d’une des question lui étant adressées : c’est peut-être dû au fait que si elle a rencontrée The Slits à l’époque, c’est parce qu’elle sortait avec un ami du groupe, qui était en tournée avec elles à ce moment-là. Je n’étais pas réellement intéressée dans leur relation en soi – c’est quelqu’un de très célèbre quand même – et j’étais plutôt concentrée sur le temps qui m’était imparti. C’était une réaction excessive pour une question innocente et c’était vraiment dommage. Mais cela m’a permis d’en apprendre davantage sur les gens.
Mick Jones était d’accord pour un entretien, mais nos emplois du temps n’ont malheureusement pas concordé. Chris Blackwell était impossible à joindre, mais je sais maintenant qu’il était occupé à gonfler des ballons et à préparer les gâteaux pour le cinquantième anniversaire d’Island Records.
Tony Fletcher, qui a écrit le livre sur Keith Moon, Dear Boy, fait remarquer que les gens disent qu’écrire un livre c’est comme avoir un bébé, et il reconnaît que c’est comme avoir un bébé et le faire grandir. Je suis d’accord. Une fois mis à l’eau, je prendrais un rhume le surveillant, comme si c’était son premier jour d’école – bien que dans ce cas, je serai plus qu’heureuse qu’un étranger aille le chercher pour le ramener à la maison.
« 14 Raisons qui montrent comment Ari Up était cool », article Chartattack, octobre 2010
TYPICAL GIRLS ? L’histoire des SLITS
ZOË HOWE
FOURTY REASONS THE SLITS’s ARI WAS COOL CHARTattack, 21 Octobre 2010
(Article traduit et mis à jour par Paul Vincent)
Ari Up, la chanteuse du groupe anglais The Slits, est décédé hier des suites d’une ‘maladie grave’.
Ari Up (de son vrai nom Ariane Forster) avait seulement 48. La cause de sa mort n’était pas encore connue quand John Lydon l’a annoncé par le biais de son site Internet.
Plutôt que de pleurer et de se lamenter sur la brutalité du décès précoce de cette femme, nous préférons, ici à CHARTattack, nous rappeler de ce qui a fait d’elle une légende.
Alors, voici 14 raisons expliquant pourquoi Ari Up était cool :
1. Ari Up a été très tôt introduite dans l’industrie musicale, puisque Nora Forster, sa mère, était amie avec Jimi Hendrix et sortait avec le guitariste de rock/jazz Chris Spedding.
2. Dans les années 1970, la mère d’Ari Up a épousé le chanteur des Sex Pistols, Johnny Rotten (ensuite connu comme John Lydon), par conséquent, Lydon fut son beau-père. Ce qui ancre davantage sa légitimité punk rock.
3. Feu Joe Strummer, le chanteur des Clash lui a enseigné la guitare.
4. Ari Up avait seulement 14 ans quand elle a formé The Slits, ce qui rend The Runaways plutôt pathétiques.
5. The Slits ont ouvert pour The Clash en 1977, quand Ari avait juste 15 ans. Certains de ces concerts ont été filmés et sont inclus dans le documentaire de Don Lett’s de 1978, The Punk Rock Movie.
6. Tandis que The Clash ont expérimenté en associant le reggae à leur musique durant l’ère punk rock originel, The Slits sont allées un peu plus loin dans la démarche. Leur album de 1979, Cut, mélange reggae, dub, rock punk, et leur attitude a inévitablement inspiré des tonnes de groupes du mouvement riot grrrl, comme Sleater-Kinney, Bikini Kill et Le Tigre, entre autres. The Slits sont probablement le groupe le plus innovant parmi les groupes punk originels.
7. La couverture de Cut dépeint les trois membres clé du groupe seins nus, portant des pagnes et enduites de boue. C’était controversé à la sortie du disque, et cela a même causé des problèmes au sein du groupe ; la batteuse Palmolive les a quitter avant l’enregistrement de l’album, en raison de différents avec Ari et elle n’aimait probablement pas l’idée de cette couverture. Les gens prudes ont sans doute encore un problème avec cette pochette aujourd’hui.
8. The Slits ont fait une reprise grandiose du titre de Marvin Gaye, I Heard It Through the Grapevine.
9. Ari Up était connu pour son chant particulier, un mélange unique de culot et même parfois, presque lyrique avec ses trilles. Cela donnait aux Slits un son incomparable.
10. Ari Up a aussi fait partie des New Age Steppers, un collectif crée par Adrian Sherwood, comprenant également Mark Stewart du Pop Group, feu le chanteur jamaïcain Bim Sherman, le collaborateur des Flying Lizards Steve Beresford, Neneh Cherry et Vivien Goldman, la journaliste du NME. Sur la fin des Slits, Ari travaille sur un album avec le collectif, qui a sorti trois albums entre 1980 et 1983.
11. Ari Up peut avoir grandi en Allemagne et en Angleterre, mais elle a perdu son intérêt à y vivre après 1981. Elle s’installa avec son mari en Indonésie et au Belize et vécut avec les peuples autochtones de ces pays pendant plusieurs années avant de finalement se rendre à la Jamaïque. Cela signifiait son accent était un mélange d’allemand, d’anglais et de jamaïcain. Ici, elle deviendra une star des sound systems connue sous le pseudo de Madussa.
12. Parmi tout cela, Ari Up trouve le temps de sortir son premier album solo, Dread More Dan Dead, en 2005. Il s’en suivra une première reformation des Slits en 2006, et plusieurs collaborations musicales, notamment avec Lee ‘Scratch’ Perry.
13. Mais The Slits n’avaient cependant pas encore dit leur dernier mot, puisque la reformation est encore à l’ordre du jour, voit quelques changements de line-up, dont Hollie Cook, la fille du batteur des Sex Pistols, Paul Cook. Ce qui les mènera à leur ultime album, sorti en 2009, une splendide consécration intitulée Trapped Animal.
14. Très vivante, Ari Up était connue pour porter des tenues hautes en couleur, bizarres et pour se servir de ses dreadlocks comme un accessoire, les balançant en rythme sur la musique. En 2008, elle a fait une tournée solo, où elle interprétait des morceaux des Slits, ses propres titres ainsi que des reprise de classiques du dub et du reggae.